La promotion des conditions de la femme et l'amélioration de sa situation sur l'échiquier politique ou économique comme en termes d'accès aux postes de prise de décision est une «responsabilité partagée qui requiert l'implication de tous», a souligné, samedi à Agadir, la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du développement social.
«On a beau élaborer des lois, mais aucun gouvernement ne peut prétendre, à lui seul, les mettre en œuvre sans la participation de toutes les institutions et associations concernées par la promotion de la femme», a souligné Bassima Hakkaoui, à l'ouverture d'un séminaire sur «Le rôle de la femme marocaine dans la scène politique et économique après la nouvelle Constitution», initié dans le cadre de la 3e édition de la Journée Sayidate.
La ministre s'est félicitée de la consécration des droits de la femme et des principes d'équité et de parité stipulés dans la Constitution (article 19 notamment), faisant valoir que la démarche marocaine en la matière est aujourd'hui «plus qu'un modèle à suivre, un espoir pour d'autres pays de la région».
Sur les mesures entreprises par le gouvernement dans la perspective de mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles afférentes, elle a évoqué la prochaine création d'une Instance pour l'équité et la lutte contre l'exclusion, un projet de loi relatif au Conseil de la famille et de l'enfance et le lancement du Plan gouvernemental 2012/2016.
Le wali de la région Souss-Massa-Drâa et gouverneur de la préfecture d'Agadir Ida-Outanane, Mohamed El Yazid Zellou, est de son côté revenu sur les acquis réalisés par la femme marocaine à la faveur des réformes profondes enclenchées depuis l'adoption du Code de la famille en 2004, jusqu'à la Constitution de juillet 2011, en passant par le lancement de l'INDH et la réforme de la justice et du Code de la nationalité.
Il a noté que, dans une région comme Souss-Massa-Drâa, forte par le dynamisme de ses hommes, ce séminaire revêt une importance singulière tant il permet d'évaluer la place de la femme sur la scène politique, mais aussi et surtout dans le domaine économique, compte tenu de l'apport précieux des femmes entrepreneures au tissu productif, à travers les petites et moyennes entreprises.
Toutefois, ce dynamisme avéré de la gent féminine s'accommode mal de son niveau de représentativité dans les instances élues, selon le président du Conseil régional Souss-Massa-Drâa, Brahim Hafidi, qui a déploré le fait qu'aucune femme ne siège au sein de ce Conseil composé de 110 membres, sachant que l'ensemble des communes urbaines et rurales de la région ne compte pas plus de 1% de femmes.
Et pour cause, expliquera de son côté le président de la Chambre de commerce, d'industrie et de services d'Agadir, Said Dor, la promotion de la condition de la femme bute sur des stéréotypes profondément ancrés dans les traditions, quoique la Constitution consacre les principes de la parité et de l'équité dans les articles 30, 115 et 146 notamment.
La femme marocaine, réputée pour son sérieux, sa rigueur et sa précision, a néanmoins continué sa marche inexorable en parvenant à se tailler une place de choix dans le tissu productif national, a-t-il signalé, précisant que le Maroc comptait, selon des statistiques de 2009, plus de 24 mille entreprises féminines.
Même son de cloche du côté de Khalil Nazih, du Centre régional d'investissement, qui a rappelé le lancement, il y a deux ans, de sessions de formation, baptisées «Entre elles en région», au profit des femmes entrepreneures ou porteuses de projets, faisant observer que le défi majeur consiste à faire sortir les femmes de l'ombre pour qu'elles puissent bénéficier des programmes et plans gouvernementaux dédiés à la promotion de l'investissement.
La cérémonie d'ouverture de ce séminaire a été ponctuée par des hommages appuyés à des femmes qui se sont illustrées dans leurs carrières respectives, en l'occurrence Nouzha Skalli, ancienne ministre, Fatima Chahou (Tabâamrant), membre de l'Institut royal de la culture amazigh, Malika Alami, journaliste au quotidien «L'Economiste» et Hajja Mimouna, une entrepreneure de la région qui a su donner un nouvel élan à une entreprise familiale suite à la mort de son mari.
Les travaux de cette rencontre se déclinent en deux tables-rondes traitant de la place de la femme dans la scène politique et économique et de l'entreprenariat féminin comme levier de la croissance pour l'économie nationale.
