Menu
Search
Lundi 15 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 15 Décembre 2025
Menu
Search

Rabat, passage obligé !

La capitale concentre au niveau national un grand nombre de personnes handicapées, mais elle est aussi bien lotie en matière de structures d'accueil et d'associations spé-cialisées.

No Image
Comme dans toutes les régions du Maroc, la question du handicap préoccupe beaucoup à Rabat-Salé-Zemmour-Zaers. Mais il n'empêche que la région a une particularité : c'est d'être la destination principale de milliers de personnes handicapées et de leurs familles à travers le Maroc, du fait qu'elle abrite le siège du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité qui est un «passage obligé» pour cette catégorie sociale. Bon nombre de ces familles ont quitté leurs douars et villages situés dans le Maroc profond et ont élu domicile à Rabat, Salé et les environs, rien que pour être proches des services sociaux qui existent dans la capitale et nulle part ailleurs. Il en résulte une concentration relativement importante de cette catégorie sociale à Rabat-Salé-Zemmour-Zaers, comparativement à d'autres régions du Maroc.

L'enquête la plus récente en la matière (enquête nationale sur le handicap de 2006) place ainsi la région de Rabat 4e au niveau national en termes de nombre des personnes handicapées (233.000 parmi 1.530.000 dans tout le Maroc) et 3e en termes de taux de prévalence parmi la population locale (5,25%), juste après Fès-Saiss, El Haouz et le Grand Casablanca. Le nombre général à l'échelle nationale étant de 1.530.000 personnes handicapées, soit 5,12% de la population. On mise gros sur les Centres régionaux référentiels qui seront créés avant 2012 dans les 16 régions du Maroc pour alléger la pression sur la capitale et ses environs.
«Rien qu'au niveau du service d'accueil du ministère, quelque 70 personnes en moyenne sont reçues, dont la majorité écrasante vient de Rabat et Salé», précise Abdelaziz Oubahha, de la direction de la prévention et de l'intégration sociale des personnes handicapées relevant du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. La majorité écrasante de ces personnes vit recluse et paumée dans les quartiers populaires, n'ayant aucun accès aux infrastructures et services de base.

Aicha Abazi, mère d'une fille handicapée et vice-présidente de l'association Nour qui accueille près de 300 personnes handicapées du quartier populaire Sidi Moussa à Salé, déplore l'insuffisance de l'aide offerte par l'État qui ne constitue qu'une goutte dans l'océan des besoins enregistrés. «Quand tu vas demander de l'aide pour ton enfant handicapé auprès des structures spécialisées, la seule chose que tu peux obtenir c'est la carte du handicapé. C'est comme si cette petite pièce était une panacée ! Par contre, d'autres demandes plus vitales comme l'accès à l'école et à la couverture sanitaire ne trouvent souvent pas d'oreilles attentives». En matière d'éducation, le programme d'appui à la scolarisation des enfants handicapés mené par le ministère du Développement social à chaque rentrée scolaire a permis cette année l'intégration scolaire de 370 enfants de la région. Pour ce qui est des classes intégrées, la région est bien lotie au niveau national à côté du Grand Casablanca et de Marrakech-Tansift-El Haouz.

Mais les besoins demeurent plus importants et plus diversifiés. «Il y a des cas de handicap profond, moteur ou mental qui ne peuvent rejoindre les bancs de l'école et qui sont, dès lors, condamnés à l'analphabétisme et à l'exclusion. La situation matérielle difficile de leurs familles les empêchent de les inscrire dans des établissements qui leur sont dédiés ou de faire venir des spécialistes à la maison pour s'occuper de leur scolarité», explique Mme Abazi. Ce manque d'accès aux services sociaux est relativement pallié par l'action des associations de la société civile. Rabat-Salé-Zemmour-Zaers en compte au moins une trentaine, dont 25 conventionnées avec le ministère de tutelle. Ce chiffre représente près du quart des associations oeuvrant dans le domaine du handicap dans tout le Royaume et place la région en tête du classement national. Le hic est que ces associations se concentrent selon l'ordre de priorité à Rabat, Salé et Sala Al-Jadida.

Les associations présentes à Témara et Khémisset, quant à elles, se comptent sur les doigts d'une seule main.
Sur le plan qualitatif, on a noté dernièrement l'émergence d'une nouvelle approche en matière de traitement de la problématique du handicap. Ainsi, les services rendus aux personnes handicapées ne sont plus limités à l'accueil et la prise en charge, mais comprennent aussi l'écoute, l'information et l'orientation vers les structures concernées (justice, santé, éducation, emploi…). Ce sont, à juste titre, les missions que s'assigne le Centre local d'information et d'orientation pour les personnes handicapées (CLIO) de Salé, unique en son genre dans la région.

CLIO, un concept inédit

Le Centre local d'information et d'orientation des personnes handicapées et de leurs familles a tenu, mardi 31 mai à Salé, une rencontre de communication où il a été question de présenter le CLIO, ses missions, ses réalisations et ses projets de partenariat. Intervenant à cette occasion, Abderrahmane El Moudni, responsable du Centre, a fait savoir que 1.802 personnes handicapées et des membres de leurs familles ont été accueillis l'année précédente. Ils viennent principalement de Salé, Témara, Skhirate, mais aussi de Kénitra. Le CLIO a pour mission de les écouter atten-tivement, d'analyser leurs besoins individuels et, en fonction des données recueillies, leur apporter des informations pertinentes, les conseiller et les orienter vers les structures compétentes susceptibles d'apporter des réponses à leurs demandes.
Cela va des institutions étatiques aux centres de prise en charge et aux associations de la société civile. L'approche adoptée se veut inclusive, en ce sens où le souci est d'intégrer les concernés dans des milieux ordinaires et pas seu-lement dans des milieux réservés aux personnes à besoins spécifiques. Parmi les demandes les plus fréquemment exprimées, il y a lieu de citer la scolarisation, la prise en charge médicale et l'assistance juridique.
Lisez nos e-Papers