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«Élargir la compétence de la Minurso est une violation de l’accord signé en 1991»

Taj Eddine El Housseini estime que la diplomatie marocaine devrait faire montre de beaucoup d’agressivité afin de contrer toute initiative visant à conférer à la Minurso le droit de surveiller le respect des droits de l’Homme dans les provinces du Sud. Pour lui, la société civile devait jouer un rôle accru au niveau de la diplomatie parallèle.

«Élargir la compétence de la Minurso  est une violation de l’accord signé en 1991»
Taj Eddine El Housseini

Le Matin : Si l’initiative visant à permettre à la Minurso d’avoir un droit de regard sur les droits de l’Homme est adoptée, quelles en seront les conséquences sur le développement du dossier du Sahara ?
Taj Eddine El Housseini : La principale conséquence qui pourrait être constatée, c’est qu’il y aura une violation de l’accord signé entre le Maroc et le Polisario depuis 1991 à propos de la création du MINURSO et qui porte principalement sur le contrôle de l’accord de cessez-le-feu.
Si le conseil de sécurité décide donc d’élargir la mission pour qu’elle supervise aussi un volet très sensible qui est les droits de l’Homme, cela va constituer une violation de l’accord principal.
Cette initiative, si elle est adoptée, va également gêner la souveraineté marocaine sur la région du Sahara et donnera la possibilité au Polisario de manœuvrer davantage pour embarrasser le Maroc sur la question des droits de l’Homme.
D’ailleurs, c’était ça l’objectif de l’Algérie depuis le départ : entraîner le Maroc dans une guerre d’usure au niveau interne et créer un climat de méfiance en faisant perdre au Royaume sa crédibilité au niveau international.

Quelle est la marge de manœuvre du Maroc dans cette situation ?
On savait depuis longtemps que l’Algérie et le Polisario veulent jouer la carte des droits de l’Homme contre le Maroc. L’année dernière, on avait assisté à la même chose et on a pu bénéficier d’un veto français en faveur du Maroc à la dernière minute. Mais aujourd’hui, plusieurs choses ont changé, l’arrivée des socialistes au pouvoir en France, le départ de Clinton des Affaires étrangères américaines et l’arrivée de John Kerry connu pour ses positions vis-à-vis de la vision marocaine de la question.
Dans les prochains jours, la diplomatie marocaine devrait faire preuve de beaucoup d’agressivité pour convaincre la France et même les États-Unis des risques d’une telle mesure sur le règlement pacifique du conflit. Proposer des visites régulières des inspecteurs dans les zones sud pourrait être accepté à la place de la proposition américaine actuelle. Toutefois, la position de la France serait déterminante pour le Maroc.  Mais rien n’est gagné d’avance. Beaucoup de paramètres ont changé. Il fallait que le Maroc joue la carte de la diplomatie parallèle sur ce registre. Mais l’effort était insuffisant.

L’ONG Robert Kennedy est-elle pour quelque chose dans cette initiative ?
Le rôle de cette association a été certes déterminant, mais c’est un rôle multipartenaires, plusieurs ONG et des parlementaires ont joué la carte des droits de l’Homme. Et là, on est en droit de se demander sur le rôle de la société civile marocaine.
Elle est souvent citée en modèle pour tous les pays en développement, mais malheureusement on n’arrive pas à mettre à profit cet atout.

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