Menu
Search
Lundi 15 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 15 Décembre 2025
Menu
Search

Les écosystèmes urbains durables : quel enjeu ?

La Fondation Hélios pour le dialogue et le développement, qui a pour orientation la prospective et la recherche, en collaboration avec l’Institut royal des études stratégiques (IRES), et un Consortium de recherche français appartenant au pôle de compétitivité Advancity et le Service de coordination à l’intelligence économique (SCIE) du ministère de l’Économie (France), a organisé récemment en son siège à Rabat une rencontre sur le thème «Concevoir des écosystèmes urbains durables : un enjeu scientifique, d’une portée stratégique».

Les écosystèmes urbains durables : quel enjeu ?
Le Maroc peut constituer un chantier expérimental de premier choix pour le développement des outils de modélisation numérique.

Lors de cette rencontre, à laquelle ont pris part des acteurs publics, scientifiques et professionnels de la ville durable et de l’ingénierie des systèmes complexes, marocains et français, l’accent a été mis sur l’examen de l’état de l’art et des bonnes pratiques en matière de conception des écosystèmes urbains durables et des défis soulevés en la matière, notamment pour ce qui est de l’intégration des sous-systèmes : eau, énergie, transports urbains, transports interurbains, habitat, santé… ainsi que la question complexe de la prise en compte des critères comportementaux des populations qui habitent dans ces écosystèmes.


D’autres aspects importants ont été mis en relief, dont l’opportunité de promouvoir la recherche scientifique sur les questions urbaines dans leurs différentes dimensions pour favoriser un meilleur éclairage des choix de politiques publiques et renforcer, in fine, les capacités anticipatives des pouvoirs publics. La réflexion a également porté sur l’importance de renforcer les compétences des différentes parties prenantes de la conception des écosystèmes urbains acteurs institutionnels, entreprises, société civile, citoyens dans le but de concrétiser les ambitions de la nouvelle politique de la ville en cours d’élaboration par le Maroc. Début mars, d’autres rencontres ont lieu au pôle de compétitivité Advancity à Marne-la-Vallée, en présence d’une délégation du ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire et de la Fondation Hélios pour le développement durable.

Lors de cette rencontre, à laquelle ont pris part des acteurs publics, scientifiques et professionnels de la ville durable et de l’ingénierie des systèmes complexes, marocains et français, l’accent a été mis sur l’examen de l’état de l’art et des bonnes pratiques en matière de conception des écosystèmes urbains durables et des défis soulevés en la matière, notamment pour ce qui est de l’intégration des sous-systèmes : eau, énergie, transports urbains, transports interurbains, habitat, santé… ainsi que la question complexe de la prise en compte des critères comportementaux des populations qui habitent dans ces écosystèmes.
D’autres aspects importants ont été mis en relief, dont l’opportunité de promouvoir la recherche scientifique sur les questions urbaines dans leurs différentes dimensions pour favoriser un meilleur éclairage des choix de politiques publiques et renforcer, in fine, les capacités anticipatives des pouvoirs publics. La réflexion a également porté sur l’importance de renforcer les compétences des différentes parties prenantes de la conception des écosystèmes urbains acteurs institutionnels, entreprises, société civile, citoyens dans le but de concrétiser les ambitions de la nouvelle politique de la ville en cours d’élaboration par le Maroc. Début mars, d’autres rencontres ont lieu au pôle de compétitivité Advancity à Marne-la-Vallée, en présence d’une délégation du ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire et de la Fondation Hélios pour le développement durable.

Ont émergé quatre axes de coopération pour lesquels la délégation marocaine a souhaité que la partie française lui fasse des propositions :
› Un pôle d’excellence sur la ville durable, vu sous l’angle pluridisciplinaire, allant des politiques publiques et du management stratégique des territoires à la planification urbaine opérationnelle. Il animera un centre de recherche et une structure public/privé. Les axes scientifiques sont : Intelligence économique et compétitivité des territoires, Modélisation de la ville et ingénierie des systèmes complexes appliqués au développement urbain, Architecture et aménagement du territoire, en partenariat avec l’École polytechnique, l’École des ingénieurs de la ville de Paris, et le CESAMES (Centre sur l’architecture, le management et l’économie des systèmes)
› Un observatoire numérique des territoires urbains durables. Autour de données structurées, d’outils systémiques de modélisation et de simulation prospective.
L’Observatoire sera regroupé en écosystème.
› Des développements spécifiques d’outils utilisant l’Observatoire pour la modélisation des enjeux spécifiques des développements urbains, appliqués sur des territoires intégrant les villes nouvelles.
› Un programme de formation continue des cadres des agences urbaines du Royaume, sur les questions de gouvernance du développement urbain.

La Fondation Hélios a associé des entreprises et des institutions marocaines et françaises. Toutes les entreprises françaises sollicitées à cet effet ont été labellisées par le pôle de compétitivité Advancity, et sont partenaires et membres de la Fondation Hélios. C’est un travail collectif qu’il faudra réaliser à un large niveau, si on veut lui assurer de la pérennité en termes de structures, de compétences, de gouvernance et de colocalisation. Pourquoi cette implication de la Fondation Hélios, pour le développement urbain durable ?
Le développement économique de la IIIe Révolution industrielle qui s’est engagée depuis le début des années 1980, fondée sur les technologies numériques, ne pourra reproduire celui de la IIe, fondé sur la production de masse standardisée et la consommation intensive d’énergie fossile. La population mondiale est estimée atteindre un pic de 9 milliards en 2050. Le développement de l’urbanisation dans les pays émergents, le coût marginal croissant des énergies fossiles et les atteintes à l’environnement nécessitent de penser la ville et le développement des territoires selon les principes du développement durable. Ces enjeux ont été bien perçus par les nouvelles puissances comme la Chine, le Brésil et l’Inde dont les problèmes d’urbanisation sont considérables. La Chine, qui va devoir faire passer 800 millions d’habitants du statut rural à urbain, et ne pourra le faire en reproduisant le mode développement des villes géantes actuelles. La Chine a ainsi commandé des «master plans» de villes durables à des cabinets étrangers, prévues pour 100 à 500 000 habitants. Ces villes devront être des écosystèmes capables d’équilibrer l’ensemble des fonctions urbaines : habitat, travail, énergie, eau, transport, recyclage des déchets, services publics, système de santé… de manière à réduire au minimum leurs rejets dans l’environnement et leur empreinte carbone. Ce faisant, la Chine poursuit une double stratégie : résoudre ses problèmes de développement urbain et développer une compétence stratégique exportable dans les pays émergents : Inde, Asie du Sud-est, Amérique latine et Afrique.

La modélisation numérique

Les technologies numériques permettront de modéliser la ville durable, et ainsi de comprendre comment les différentes fonctions urbaines interagissent de manière à produire un écosystème durable. Il n’existe pas aujourd’hui un tel «moteur numérique» capable d’intégrer les outils existants dans chaque métier de la ville : urbanisme, eau, énergie, transport… Il est clairement perçu que, d’un point de vue stratégique, celui qui maîtrisera cette compétence maîtrisera le marché du développement urbain à l’international. Le développement de cette nouvelle compétence requiert un programme de recherche action important réunissant les acteurs des métiers de la ville, de l’ingénierie-système et de la modélisation numérique. Le livrable de ce programme sera un outil à l’usage des planificateurs stratégiques pour la conception de villes nouvelles et la maîtrise du développement des villes existantes.

Développer une compétence stratégique

Le développement territorial et la maîtrise du développement urbain font partie des priorités royales. Celles-ci peuvent s’articuler en deux approches :
› La conception de villes radicalement nouvelles, comme Benguerir et Zenata, qui requiert une approche par le haut, permettant de simuler toutes les combinaisons possibles d’interactions entre les fonctions urbaines. C’est une innovation radicale au regard des pratiques du développement urbain, qui est rendue possible par la maîtrise de l’ingénierie des systèmes complexes et la simulation numérique.
› La maîtrise du tissu urbain existant. Les projets actuels ne prennent généralement en compte qu’un seul paramètre : le foncier. Le développement urbain n’est contrôlé que lorsqu’il existe des contraintes physiques comme la mer et la bande verte à Rabat. Dans ce cas, il faut prendre en compte toutes les contraintes et les outils de modélisation existants pour comprendre jusqu’à quel point on peut optimise le tissu urbain, et à partir de quel point il faudra envisager de cesser de faire croître la ville pour construire une ville nouvelle.

À ces chantiers expérimentaux, le Maroc en ajoute un troisième : le solaire. Les modèles de développement urbain actuels sont fondés sur l’expérience des pays du Nord qui ont à piloter principalement le paramètre «énergie» alors que les pays du Sud ont à piloter le paramètre «eau». Le plan solaire marocain peut permettre de penser le développement urbain à partir d’une énergie renouvelable, le solaire, à partir de laquelle on peut produire de l’eau (forage, désalinisation, retraitement) tant de consommation que d’irrigation. Le Maroc peut donc constituer un chantier expérimental de premier choix pour le développement des outils de modélisation numérique. Mais il y a nécessité d’un programme de recherche-action ambitieux mobilisant les grands acteurs du pays dans un partenariat avec des leaders mondiaux. Un tel outil n’existe pas à ce jour et requiert un programme de recherche et de développement ambitieux. D’où le séminaire avec L’IRES sur ce sujet. Les Français sont parmi les plus performants dans la maîtrise des fonctions urbaines (eau, énergie, génie civil, assainissement…), mais sont balbutiants dans l’intégration de ces fonctions et ont compris qu’ils risquent de se faire dépasser par les Chinois, car qui maîtrisera l’intégration maîtrisera les fonctions. Ils connaissent, par ailleurs, bien le Maroc où leurs entreprises sont présentes et où des partenariats de recherche existent. Il y a donc une opportunité pour construire un partenariat de recherche Maroc-France, qui comprendrait un programme de recherche-action sur la modélisation numérique des écosystèmes urbains durables et un programme de formation qui pourrait venir alimenter le projet de l’Université Mohammed VI de Benguerir.

Par le président de la Fondation Hélios : Omar Hasnaoui Chaoui

Lisez nos e-Papers