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Exclusif : le détail du contrat programme

Le secteur devra générer 100 milliards de dirhams de chiffres d’affaires additionnels d’ici 2023 et créer 43 000 emplois supplémentaires. L’étude de positionnement a identifié 6 chem-parks et 2 zones d’activités à mettre en place. Le groupe OCP est évidemment l’un des partenaires de taille dans l’accompagnement du secteur.

Exclusif : le détail du contrat programme
Une fois opérationnel, un cluster devrait définir une vision des objectifs pour la R&D dans le secteur

Quatre mois après sa signature à Tanger lors des troisièmes Assises de l’Industrie (février dernier), le contrat programme pour l’industrie de la chimie et de la parachimie vient d’être remis à la profession. Le document d’une quarantaine de pages et couvrant la période 2013-2023 vient donc compléter les stratégies sectorielles menées par le département de l’Industrie à travers son Plan émergence. Si le ministère de l’Industrie du commerce et des nouvelles technologies a intégré la chimie et la parachimie dans ce plan, c’est que le secteur recèle un potentiel de croissance indéniable. À en croire les chiffres fournis dans le contrat programme, dont Le Matin détient une copie, le secteur pèse 50,5 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et contribue à hauteur de 16% au PIB industriel national. En plus de son poids économique jugé important, le secteur se retrouve aujourd’hui au cœur du développement de plusieurs branches sectorielles prioritaires, dont l’automobile, l’agriculture, l’habitat, l’aéronautique et l’agroalimentaire. Dans cette feuille de route, l’État et la profession affirment vouloir renforcer le positionnement du secteur à l’international. Car valeur aujourd’hui, la profession estime que la chimie-parachimie a son mot à dire sur le marché mondial. Son positionnement international devrait stimuler, selon plusieurs opérateurs, la dynamique de développement de plusieurs activités industrielles au Maroc et partant, l’économie nationale dans son ensemble.

Notons que le contrat programme cible, entre autres, les filières engrais, phytosanitaire, plasturgie, cosmétique, et la chimie du phosphore. Son architecture s’articule autour de quatre axes majeurs. D’abord, une valorisation des ressources naturelles du pays en donnant un vrai coup de fouet à l’industrie de la transformation chimique (chimie du végétal, chimie des engrais, chimie des minéraux). Ensuite, faire réussir les Plans Maroc vert et émergence industrielle en développant la chimie pour l’agriculture et celles de l’agroalimentaire et de l’industrie. Puis un développement de nouvelles filières environnementales notamment l’industrie du recyclage. Enfin, un accompagnement du développement des besoins fondamentaux des consommateurs locaux et sur les plaques atteignables telles que la chimie pour la propreté, la chimie pour la construction et les produits de consommation. Selon les termes du contrat programme, le principe adopté en concertation avec la profession pour faire aboutir ces objectifs consiste à dynamiser des activités existantes et lancer de nouvelles filières. «Il s’agit de mettre à disposition des opérateurs les conditions optimales pour atteindre leurs objectifs en créant un environnement d’exploitation compétitif aux standards internationaux (infrastructures adaptées à l’industrie de la chimie comme les chem-parks, réglementation environnementale et sécurité aux standards internationaux)», est-il souligné dans le document. Le contrat programme entend également valoriser le potentiel humain et l’innovation à travers une intensification de la recherche et la formation des ingénieurs et des techniciens. Les opérateurs seront également épaulés par l’État côté financement via des instruments de soutien à la modernisation et une aide à l’investissement et à l’export. Le tout devrait permettre au secteur d’engranger 100 milliards de dirhams de chiffre d’affaires additionnels d’ici 2023 et d’augmenter sa part dans le PIB industriel national en générant 31 milliards de dirhams supplémentaires. Les investissements du privé dans le processus de production, quant à eux, devraient frôler les 71 milliards et les emplois dans le secteur quelque 43 000.

Pour le financement du contrat programme, des clauses de rendez-vous annuelles seront instaurées pour évaluer l’avancement de la mise en œuvre du programme de développement du secteur. Pour l’instant, deux clauses sont prévues : la première fixe un rendez-vous fin 2017 pour l’évaluation et la budgétisation des financements nécessaires à l’opérationnalisation du contrat programme sur la période 2018-2023 et la seconde, dès 2016 pour l’évaluation des réalisations et l’impact des projets entrepris. Pour la période 2013-2020, le budget total est de 1,56 milliard de dirhams dont 1,07 milliard à apporter par l’État.

Les chem-parks pour réorganiser la profession
Pour beaucoup d’opérateurs du secteur, l’offre disponible en infrastructures et en terrains adaptés aux activités chimiques et parachimiques demeure riquiqui par rapport au potentiel. Résultat, cette branche de l’industrie souffre d’un éclatement géographique à cause évidemment du développement spontané et désordonné de l’activité ces dernières années. D’ailleurs, le contrat programme juge nécessaire de mettre à disposition des professionnels une offre en infrastructures alignées avec les normes internationales : les chem-parks. Selon les clauses du contrat programme, ces infrastructures industrielles seront conçues et aménagées pour assurer le développement de l’industrie chimique et parachimique dans les conditions optimales. Les chem-parks devront ainsi fournir à la profession un cadre d’évolution privilégié et attiseront l’appétit des opérateurs internationaux pour venir investir au Maroc. Dans le document, l’on affirme qu’un premier positionnement de 6 chem-parks et 2 zones d’activités, ainsi qu’une estimation du besoin en foncier (2 600 ha) ont été réalisés à travers une étude stratégique du secteur. Et encore, cette étude ne devrait pas suffire. D’autres devront être menées par les parties prenantes puisque dans le contrat programme, l’on affirme noir sur blanc que la création de chem-parks nécessite des études approfondies d’opportunité et de positionnement.

Sur ces chem-parks, les opérateurs et les futurs investisseurs auront une offre immobilière complète : vente et location de terrains viabilisés, location de bâtiments prêts à l’emploi et la réalisation puis la vente ou location de bâtiments customisés. Et ce n’est pas tout, ils auront également sur place un guichet unique combinant les services clés de l’État pour les investisseurs. L’État s’engage à réaliser une étude pour la mise en place d’un schéma directeur pour ces parcs dédiés à l’horizon 2023 et d’en définir la taille et le concept. Il doit aussi assurer le foncier nécessaire pour la mise en place de ces infrastructures et justifier la création de zones franches en leur sein. L’État sera épaulé dans cet exercice par le géant national des phosphates, le groupe OCP, dont l’expertise n’est plus à prouver.

Vers l’optimisation de la consommation d’énergie
L’énergie pèse sur épée de Damoclès sur la tête de la profession. De fait, le secteur de la chimie-parachimie est hautement énergivore. Il consomme en moyenne 45 tonnes équivalent pétrole pour générer un million de dirhams de valeur ajoutée lorsque la moyenne observée dans l’industrie est de 25 tonnes équivalent pétrole. Autant dire que le poste énergie grève les coûts de production de l’ensemble des filières chimiques. La preuve, le coût de l’énergie est évalué entre 5 et 10% pour la majorité des activités chimiques et parachimiques. Et il peut même franchir la barre de 60% pour les activités les plus énergivores comme la production du gaz industriel. En plus, précise-t-on dans le contrat programme, le Maroc demeure en retrait quant à la qualité et la régularité de l’approvisionnement en énergie industrielle, en dépit des avancées notables constatées ces dernières années dans ce domaine.

Urgence, il faut donc diminuer les coûts liés à l’énergie. Dans le contrat programme, l’État et la profession affirment s’engager à mettre en place un plan d’action efficace pour assurer un approvisionnement régulier des futurs chem-parcs en développant les énergies renouvelables produites localement, en renforçant l’efficacité énergétique et en faisant la promotion de la cogénération. Dans cette logique d’optimiser les coûts de l’énergie et assurer un approvisionnement approprié en électricité et en fuel des chem-parks, les sites de chimie du groupe OCP compris, les industriels devraient communiquer une estimation de leurs besoins 3 mois après la mise en place du contrat programme. Les informations recueillies devront servir dans la réalisation d’une étude d’opportunité pour la création de ces parcs industriels. Les besoins de ces infrastructures en électricité, quant à eux, seront intégrés dans la planification de l’ONEE. Dans la foulée, la profession et l’État s’engagent à examiner l’opportunité d’installer des capacités d’autoproduction pour approvisionner les chem-parks notamment en énergie électrique et renouvelable. Par ailleurs, l’État entend élaborer et adopter un décret dans le cadre de la loi 13.09 relative aux énergies renouvelables. Objectif : élargir l’accès au réseau pour les producteurs de moyenne tension.


La R&D, le nerf de la guerre
La recherche et développement est le nerf de la guerre de l’industrie de la chimie-parachimie. D’ailleurs, le contrat programme prévoit d’améliorer l’efficacité et la cohérence de cet aspect en prévoyant une structure de coordination et de réseautage (cluster). Sa mission, coordonner les besoins des professionnels et les travaux de R&D menés par les universitaires. La plateforme regroupera à la fois des organismes de recherche et de formation en plus, évidemment, des industriels du secteur. Une fois opérationnel, le cluster devrait définir une vision des objectifs pour la R&D dans le secteur et favoriser l’émergence de projets R&D collaborative et mobiliser leurs financements. Les professionnels et les acteurs de la recherche auront également à leur disposition les laboratoires et le centre de recherche de l’OCP, spécialisés dans la valorisation de la roche phosphate. Dans le contrat programme, le groupe phosphatier s’engage à participer au tour de table d’un fonds d’amorçage qui sera doté d’une enveloppe financière de 50 millions de dirhams. Par ailleurs, l’État et la profession ont pu identifier plusieurs leviers pour booster la R&D dans le secteur, notamment l’installation de dispositifs incitatifs intégrant le statut de «jeune entreprise innovante» et une convention industrielle de la formation pour la recherche. Sans oublier l’adoption d’un programme d’essaimage pour les grands comptes du secteur.

L’ANPME accompagnera 440 entreprises du secteur
Il faut moderniser la structure des PME du secteur. C’est la recommandation qui se dégage du contrat programme.
Les PME qui représentent 95% des entreprises de la chimie-parachimie génèrent aujourd’hui à peine 20% des revenus du secteur.
L’exploitation de ce gisement majeur de développement devient donc une des priorités stratégiques pour cette industrie, soulignent les partenaires dans le contrat programme. La piste à explorer ? Le document indique que la modernisation devra s’appuyer sur l’Agence nationale de promotion des petites et moyennes entreprises (ANPME). D’ailleurs, l’institution dirigée par Latifa Echihabi s’engage à accompagner via son instrument Moussanada quelque 400 entreprises et pas moins de 40 à travers Imtiaz. Pour développer l’intégration industrielle entre les grandes et les petites structures, un partenariat tripartite devrait être paraphé par l’OCP, l’État et les PME du secteur. À en croire les termes du contrat programme, ce partenariat prendra la forme d’une convention visant à accompagner les PME dans les activités de valorisation du phosphate. Le géant phosphatier s’engage également à intégrer dans ses programmes OCP Skills et Écosystème l’accompagnement des PME spécialisées dans la valorisation du phosphate.

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