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La loi sur la kafala complique l’avenir des enfants

● En raison du récent projet de loi déposé par le PJD, qui durcit la procédure de la kafala, les enfants abandonnés de Fès sont condamnés à rester dans les orphelinats.
● Six associations nationales, dont Dar al Atfal Al Wafae de Fès, se sont réunies sous le nom de «Collectif Kafala» pour dénoncer le caractère inique de ce projet.

La loi sur la kafala complique l’avenir des enfants
50% des enfants placés dans le cadre de la kafala, le sont dans des familles musulmanes résidant à l’étranger.

Privés de l’amour et de l’affection de leurs parents, les enfants abandonnés sont victimes d’une société qui les rejette et les accuse d’être les fruits du péché. Le complexe Dar al Atfal Al Wafae fait des efforts considérables depuis plusieurs années à Fès, en accueillant des enfants abandonnés âgés de 3 à 12 ans. Outre l’hébergement et la nourriture, ce complexe assure la scolarisation de ces enfants dans des écoles privées et publiques en plus d’un suivi médical et psychologique. Mais, la kafala demeure la solution idéale pour ces enfants. Elle résout le problème de ces derniers et permet à des couples ou à des femmes seules d’assouvir leur besoin de paternité et de fonder une famille. Cependant, depuis le mois de septembre dernier, une circulaire du ministre de la Justice est venue interdire aux personnes qui ne résident pas au Maroc de prendre en kafala un enfant abandonné, avec comme prétexte qu’à l’étranger, le suivi de l’enfant, et notamment celui de son éducation selon les préceptes de l’islam, s’avèrerait difficile.

Et comme si la circulaire du mois de septembre ne suffisait pas, désormais, c’est une proposition de loi amendant la loi 15-01 qui régit la kafala au Maroc, qui vient d’être présentée au gouvernement. Selon ce nouveau projet de loi, émanant du groupe parlementaire du PJD, l’un des membres du couple demandeur de kafala doit impérativement être de nationalité marocaine. Aussi, les parents kafils devront accepter de passer leurs deux premières années de kafala au Maroc. Une exigence qui concerne aussi les Marocains résidents à l’étranger (MRE). Ce nouveau projet de loi a été accueilli par le «Collectif Kafala» comme un coup de massue sur la tête. «Nous nous attendions à ce que la circulaire de M. Ramid soit retirée, et nous nous retrouvons avec un projet de loi qui interdit même la kafala aux MRE à moins qu’ils passent leurs deux premières années de kafala au Maroc. Ce nouveau projet de loi est injuste et discriminatoire envers les MRE». Indignée par cette décision ministérielle, la société civile est montée au créneau. Et six associations nationales, dont «Dar al Atfal Al Wafae de Fès, se sont réunies sous le nom de «Collectif Kafala» pour demander le retrait de la circulaire.

Nadia Bennis, présidente de l’association Dar al Al Atfal Al Wafae, explique que le «Collectif Kafala» revendique que l’enfant marocain bénéficie des droits que la Constitution marocaine lui a donnés, c’est-à-dire vivre une vie normale au sein d’une famille. «La Constitution marocaine tient compte des conventions internationales, qui présentent la kafala internationale comme un troisième choix pour l’enfant. D’abord, un enfant doit être placé dans sa famille biologique, si ce n’est pas possible, il peut être placé dans le cadre de la kafala dans son pays d’origine, sinon il peut bénéficier de la kafala internationale. Nous demandons dans le cadre de ce Collectif de ne pas bloquer ce troisième choix parce qu’il constitue un dernier recours pour ces enfants de retrouver la chaleur familiale et la sécurité d’un foyer», indique-t-elle. De plus, la kafala nationale ne peut pas prendre en charge tous les enfants qui sont dans les institutions et les centres d’accueil.

En effet, dans le cas du complexe Dar al Atfal Al Wafae, 50% des enfants placés dans le cadre de la kafala sont dans des familles musulmanes résidant à l’étranger. Et d’autre part, les familles marocaines, préfèrent prendre en tutelle les enfants de sexe féminin, et les garçons de moins de 3 ans, ce qui se traduit par une surpopulation des enfants âgés de plus de 3 ans de sexe masculin». Cette circulaire a, ainsi, condamné un nombre important d’enfants, et surtout des garçons, à vivre dans les orphelinats et à devenir plus tard des proies faciles pour la délinquance et la prostitution. Dans ce cadre, les chiffres, sont éloquents : 80% de ces enfants deviennent des délinquants, 10% se suicident et seulement 10% réussissent à s’intégrer dans la société.

Par ailleurs, Mme Bennis affirme que les kafalas des non-résidents sont plus réussies comparées à celles des nationaux qui retournent, à 25%, les enfants aux orphelinats. «Ces ré-abandons sont très traumatisants et anéantissent ces enfants», déplore-t-elle.
Un mémorandum détaillant les conséquences de ce projet de loi sur les enfants abandonnés et sur la société marocaine vient d’être adressé par le «Collectif Kafala» au groupe parlementaire du PJD.

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