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Débat sur la responsabilité environnementale des entreprises

«Le Maroc : un levier de croissance verte entre Europe et Afrique». C’est sur ce thème que s’est déroulée la deuxième édition du rendez-vous annuel du développement durable, «Les Ateliers de la Terre».

Débat sur la responsabilité environnementale  des entreprises
Selon certains experts, l’heure est à «l’économie circulaire» qui est un mode de production basé sur le recyclage des déchets.

Une rencontre initiée dans le cadre de la Global Conference à Rabat. Le public, constitué cette année en majorité de jeunes, a débattu avec des experts, des directeurs et des secrétaires généraux du développement durable et de la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise. «L’empreinte écologique du secteur informatique (fermes informatiques de Google, Yahoo, etc.) est supérieure à celle du transport aérien. Aujourd’hui, nous consommons l’information comme nous consommions du pétrole. Notre objectif est de réduire cette consommation d’énergie, nous essayons d’inventer de nouvelles solutions informatiques. Notre première matière, c’est la matière grise et c’est pour cette raison que nous misons sur les jeunes talents», a indiqué Philippe Mareine, secrétaire général du groupe Atos (France). Selon certains experts, l’heure est à l’économie circulaire. Ce mode de production est basé sur le recyclage des déchets.

«À l’avenir, les grands investisseurs n'iront que vers les entreprises engagées dans la responsabilité sociale et environnementale», a indiqué Christine Bargain, directrice de la responsabilité sociale et environnementale au Groupe La Poste (France). Et d’ajouter : «Pour qu’une société puisse se développer, il faut qu’elle participe au développement des territoires. Nous avons créé une filière de récupération du papier dans les entreprises pour lutter contre la déforestation. Cette initiative a créé une filière d’entreprises d’insertion des demandeurs d’emploi de longue durée».

Un Africain sur deux doit parcourir chaque jour 10 kilomètres pour s’approvisionner en eau potable. Selon un rapport de la FAO de 2011, il existe 925 millions de personnes sous-alimentées dans le monde, alors qu’au moment, il existe un gaspillage de nourriture. «Pour assurer notre sécurité alimentaire, nous devons cultiver des variétés adaptées à nos conditions locales», a suggéré Riad Balaghi, chef du département environnement et ressources naturelles à l’institut national de la recherche agronomique (Inra). L’essor des nouvelles technologies de l’information va accompagner le développement durable. Plusieurs services seront réalisés d’un clic et cela évitera d’utiliser voiture polluante et autres moyens nuisibles à l’environnement. «Le continent noir va profiter de ces bouleversements que connaît le monde ces dernières années. Grâce à internet, le continent va très vite sauter plusieurs étapes pour réaliser son développement. 
Cette tendance, nous l’avons sous nos yeux grâce au téléphone portable», a souligné Lionel Zinsou, président directeur général de PAI Partners (Bénin). Les ateliers de la terre ont aussi débattu de l’eau et des énergies renouvelables en Afrique. «Notre objectif est de sensibiliser à l’utilisation des énergies renouvelables dans les zones enclavées et après avoir identifié les zones concernées, nous chercherons des partenaires pour trouver des financements à notre projet», a indiqué Mohamed Barara, élève ingénieur et cofondateur avec Anas Bakour et Yahya Mardoud de l’Association Énergie verte pour un développement durable des zones isolées qui est en cours de création.
La Global Conference de Rabat est un espace de dialogue et d’échange ouvert à tous et réunissant les décideurs marocains, africains et étrangers impliqués dans le changement pour un mode de développement plus respectueux de l’homme et de l’environnement. Inspirée de la Global Conference, l’édition marocaine conserve l’approche transdisciplinaire et multi-acteurs qui a fait le succès des Ateliers de la Terre, et permet d’aborder les enjeux et les défis spécifiques au Maroc et à sa région en termes de développement durable. 


questions à Abdelfettah Derouiche, coprésident de l’association Terre et Humanisme Maroc 

«Nous allons créer des tables micro-jardins agro-écologiques pour les familles»

Vous avez indiqué qu’il est devenu urgent de stabiliser les populations rurales pour combattre l’exode vers les villes. Quelles solutions proposez-vous dans ce sens ?
Le Maroc à de la chance d'avoir 40 à 50% de sa population rurale composée de petits ou moyens agriculteurs qui savent encore travailler la terre avec leurs mains, chose qui a complètement disparu dans les pays développés où ce chiffre ne dépasse pas souvent 2% de la population.
Partant de ce constat et en se basant sur la prise de conscience du consommateur, du risque que peut présenter les produits de l'agriculture conventionnelle sur la santé, Terre et Humanisme Maroc, fondée en 2005 sous l’impulsion de Pierre Rabhi, fondateur de Terre et Humanisme France, a pour objectif la formation et la diffusion de l'agro-écologie par la conversion des fellahs (cultivateurs), de la production conventionnelle à la production agro-écologique. Nous dispensons de deux types de formation dans notre ferme pédagogique de Dar Bouazza.
Primo, une formation des formateurs en agro-écologie destinée exclusivement aux petits fellahs ruraux, étalée sur une année à raison de 5 jours par mois et prise en charge à hauteur de 90 à 95% par notre association, avec l'engagement de ces derniers à former et diffuser les pratiques agro-écologiques au sein de leur entourage dans le but de stabiliser les populations.
Actuellement, nous avons formé trois promotions composées de 48 formateurs ou animateurs en agro-égologie et reparties sur la majorité du territoire marocain. Les deux premières formations ont été financées par Terre et Humanisme France et la troisième par la Fondation Crédit Agricole Maroc.
Nous avons aussi un programme d'accompagnement de la commercialisation des produits agro-écologiques via les paniers hebdomadaires.
Secundo, une formation des porteurs de projets destinée aux personnes désireuses d’investir dans la production et la commercialisation des produits agro-écologiques ou ceux qui souhaitent se nourrir sainement. La formation est étalée sur six mois à raison de trois jours par mois.

Vous indiquez qu'aujourd'hui vous avez les moyens pour transformer les zones arides en terres agricoles. Que proposez-vous pour réaliser cet objectif ?
Devant la désertification naturelle et humaine des régions rurales arides, notre association a amorcé l'expérimentation et la démonstration de la pertinence de l’agro-écologie à travers son Centre international de pratique agro-écologique (CIPA), situé à Skoura au nord de Marrakech.
Les premiers résultats concluants basés sur l’utilisation réfléchie et responsable des ressources naturelles, telles qu’eau, composte, etc. ont permis de démontrer la générosité de notre terre nourricière quel que soit le milieu à travers les pratiques agro-écologiques. Parmi les orientations que se donne le CIPA qui se veut le premier centre à travers l'Afrique : accueil des sessions de formation et de diffusion des pratiques agro-écologiques pour le Magrheb et les pays subsahariens, promotion du tourisme agro-écologique responsable, accueil des stagiaires et des chercheurs dans une structure de recherche et enfin promotion et diffusion des techniques de construction écologique durable.
Vu la pertinence de notre projet, il a séduit jusqu'à maintenant l'adhésion de plusieurs structures telles que la Fondation Pierre Rabhi, Association Terre et Humanisme-PESI (Pratiques écologiques et solidarité internationale), la Fondation Yves Rocher France, l'Agence de développement sociale d'Alhaou, les Colibris-Mouvement international pour la terre et l’humanisme, Léa Nature France, etc.

Quel bilan faites-vous de la présence de votre association au Maroc et quels sont ses projets ?
Notre association est fière d’être le pionnier de l'agro-écologie au Maroc et d'avoir donné naissance au Réseau des initiatives agro-écologique Maroc (RAIM), une structure qui œuvre pour la santé du consommateur à travers une alimentation saine.
Notre association est consciente qu'on ne peut changer les pratiques culturelles qu'à travers l’éducation et la sensibilisation du consommateur sur l'importance de l'alimentation propre pour une santé saine, autrement dit «Nourrir le vivant par le vivant». Pour cela, notre association a amorcé le projet «Agriculture potagère urbaine» (APU) avec l'implantation de plusieurs jardins potagers à travers des institutions d’éducation et des associations. Nous allons créer des tables micro-jardins agro-écologiques pour les familles qui doivent servir pour l’éducation à la bonne nutrition.

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