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Opération réussie de réimplantation d’une main

Grâce à une structure administrative, médicale et paramédicale performante, ainsi qu’une synergie et une coordination efficace entre plusieurs intervenants du secteur de la santé, un patient s’est fait réimplanter la main.

Opération réussie de réimplantation d’une main
«Le stade critique n’est pas totalement dépassé, mais l’état de santé de notre patient évolue, dans le sens espéré».

Une histoire triste qui finit bien. R.T. a été amputé de la main gauche au niveau de son poignet par un coup de sabre à 11 heures du matin le 22 avril dernier. Immédiatement admis au centre hospitalier de Taroudant, l’équipe des médecins le met en condition et le prépare pour l’acheminement vers le CHU Mohammed VI de Marrakech (hôpital Ibn Tofail). L’acheminement s’effectue, en effet, par hélicoptère et le patient est admis audit CHU vers 18 heures.

«Avec ce type d’intervention, on se rend compte que comme dans toute chirurgie de pointe, la prise en charge du patient est une chaine où tous les maillons comptent et doivent se relayer et s’harmoniser au plus haut point. Cette opération a donc été réalisée grâce à l’implication de plusieurs intervenants comme l’équipe des docteurs Massous et Bouras au centre hospitalier de Taroudant. Il y a aussi la coordination des deux centres hospitaliers (Marrakech et Taroudant) et du SAMU par hélicoptère, ce qui a permis de gagner un temps précieux», souligne Mohamed Amine Benhima, professeur assistant à la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech, Service de traumatologie-orthopédie au CHU Mohammed VI.

Concernant l’intervention chirurgicale, le traumatologue orthopédique précise que l’opération a duré plusieurs heures. «L’intervention a duré 9 heures où j’ai été aidé par deux de nos résidents en traumatologie- orthopédie (Dr Younsi et Dr Ait El Haj Sliman) ainsi que toute l’équipe d’anesthésie et du bloc opératoire. Le patient a été acheminé vers le service de réanimation (sous la surveillance du Pr Samkaoui) où il a séjourné plusieurs jours. Actuellement, le patient est hospitalisé au sein de notre formation (service de traumatologie orthopédie). La période critique n’est pas tout à fait dépassée, mais il me semble que nous pouvons nous permettre d’être optimistes», indique-t-il. Et d’ajouter : «médicalement parlant, le stade critique n’est pas totalement dépassé, mais l’état de santé de notre patient évolue, Dieu merci, dans le sens espéré. J’envisage encore pour lui d’autres interventions beaucoup moins lourdes dans les jours à venir. Je me réjouis pour cela de l’existence d’un staff qui compte de hautes compétences médicales auxquelles je peux me référer en les personnes, notamment, des professeurs Fikry, Najeb et Saidi».

Ce genre d’intervention, la cinquième dans les annales du Maroc, est connue pour être particulièrement délicate. «C’est une intervention qui a été réalisée peu de fois au Maroc ; ce n’est sûrement pas par manque de compétences marocaines, car nous disposons de plus en plus de chirurgiens habilités à pratiquer des interventions microchirurgicales. Certes, leur nombre est encore limité, il pourra, cependant, se développer avec le temps. En outre, l’amputation totale de la main, conséquente à des accidents ou agressions n’est, Dieu merci, pas chose courante, c’est également pour cela que ce type d’intervention n’est pas fréquent au Maroc. Enfin, les conditions de réalisation et de réussite de ce genre d’intervention sont, il faut le reconnaitre, pour le moment encore difficiles à mettre en place dans les délais optimums», indique Dr Benhima.

Par ailleurs, selon le traumatologue orthopédiste, la main est l’organe terminal du membre supérieur, en quelque sorte, c’est sa raison d’être. Elle joue un rôle fonctionnel majeur certes, mais aussi un rôle social, esthétique, psychologique… «Du point de vue anatomique, elle concentre un nombre important de structures osseuses, musculaires, tendineuses, vasculaires et nerveuses dans un volume relativement réduit.

L’amputation de cet “organe magnifique” le prive brutalement de toutes ses ressources et l’expose à la nécrose», explique Benhima. Et d’affirmer : «La réimplantation d’une main est une chirurgie délicate qui fait appel à plusieurs techniques d’ostéosynthèse (fixation de l’os), de microchirurgie, de chirurgie tendineuse, vasculaire et nerveuse. Elle nécessite un plateau technique hautement spécialisé. C’est aussi une chirurgie qui ne commence pas au bloc opératoire et ne se termine pas à la sortie de ce dernier. En effet, la prise en charge de l’amputé de la main commence sur le lieu de l’accident (mise en condition du blessé, conservation adéquate du membre, acheminement vers le centre hospitalier...), viennent ensuite l’acte chirurgical et la prise en charge en milieu de réanimation afin d’offrir au patient et à son membre les conditions optimales de réussite de la réimplantation».

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