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75 millions de dirhams investis dans la recherche et développement

Depuis sa création en 2011, l’institut national de recherche en énergie solaire et en énergies renouvelables a financé plusieurs projets de recherche dans le solaire et le photovoltaïque. Actuellement l’établissement développe une grande plateforme de test des technologies support à Bengurir. Le projet sera opérationnel début 2015.

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Nul doute. La recherche et développement constitue le nerf de la guerre du développement des énergies renouvelables au Maroc. Ce volet est assuré par une plateforme dédiée : l’Institut national de recherche en énergie solaire et en énergies renouvelables (Iresen). Sur ses deux ans d’activité, l’institut dirigé par Badr Ikken aura investi quelque 75 millions de dirhams dans le développement de plusieurs projets dans le solaire thermique et le photovoltaïque. «Nous avons un ambitieux projet qui a été développé par l’université Kadi Ayad de Marrakech en partenariat avec le groupe Managem.

Le concept consiste à mettre au point des batteries à base de bitume et qui peuvent avoir une grande autonomie. Sans oublier un autre projet porté par l’Université de Meknès et qui concerne le développement totalement conçu au Maroc de la technologie linéaire dans le solaire thermique en partenariat avec une entreprise marocaine. À la fin du projet, les chercheurs devront être capables de construire et d’installer des centrales thermiques à concentration, alors qu’il y a quelques années cela n’était pas possible», fait valoir Badr Ikken. Les projets développés bénéficient d’un financement débloqué par l’Iresen. Pour Ikken, le choix de gérer les fonds dédiés aux projets R&D par l’Institut s’est avéré pertinent puisque la plateforme dispose de tous les mécanismes et procédures pour évaluer les projets qui lui sont soumissionnés. En plus, elle est exclusivement spécialisée dans le développement de la R&D pour un secteur fraichement développé au Royaume. «Nous sommes actuellement en train de certifier les procédures des appels à projets ISO 9000. C’est important, parce que cela va devoir nous permettre d’avoir de plus en plus de réactivités par rapport aux appels à projets, mais aussi et surtout plus de transparence dans les procédures», affirme le directeur général de l’Iresen.

L’appétit de l’institut pour les projets R&D est insatiable. Son patron affirme avoir démarré les travaux de construction de la plateforme de test, de recherche et de formation dans la nouvelle cité verte de Bengurir. «C’est une plateforme mutualisée que nous sommes en train de construire avec le soutien de notre partenaire et membre fondateur à savoir le groupe OCP. L’objectif étant de créer une infrastructure de recherche et d’excellence où nous aurons une masse critique et qui sera ouverte à toutes les universités. Elle servira de plateforme de test des technologies support, telles que les smart-greed, le solaire thermodynamique et photovoltaïque, le stockage et la régulation du réseau», détaille Badr Ikken. Si tout va bien, la plateforme sera fin prête d’ici la fin de l’année pour être opérationnelle début 2015.

Mais comment l’Iresen finance-t-il les projets de recherche ? Selon Ikken, l’argent provient en grande partie du Fonds de développement des énergies renouvelables dont le coordonnateur est le ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Le Fonds soutient financièrement également le plan solaire marocain et les autres programmes nationaux des énergies renouvelables. «L’État a eu l’intelligence pertinente de réserver une bonne part des financements de ce Fonds à la recherche & développement. Car eu égard à la complexité de l’intégration industrielle, la R&D est un chantier stratégique pour permettre au pays de disposer de ses propres innovations dans le secteur et de tester les technologies dans les énergies renouvelables», assure le DG de l’Institut. Mais il n’y pas que le Fonds. En effet, en impliquant le privé dans des consortiums de projets avec les universités, l’Iresen dispose d’un autre levier financier. «Les entreprises qui participent dans des projets de recherche aux côtés des universités et de l’Iresen investissent de l’argent.

De quoi désamorcer la pression sur les fonds de l’Institut. Je dois préciser aussi que notre plateforme bénéficie de financements auprès de bailleurs de fonds étrangers. La Corée par exemple aura injecté quelque 3 millions de dollars dans le développement de plusieurs projets. Ce budget a été totalement réservé à l’acquisition d’équipements de pointe pour fluidifier le processus de travail dans le développement des projets activés», nous confie Ikken.

Cette année, plusieurs projets seront réalisés suite aux appels à projets lancés en 2013. «Il s’agit de projets innovants. Nous avons par exemple des projets de développement de plusieurs process dans le rafraîchissement solaire dans le secteur avicole en utilisant la thermodynamique. D’autres thématiques sont également concernées comme le séchage de matériaux industriels», indique le jeune patron de l’Iresen. Dans la foulée, l’Institut affirme piloter actuellement un grand projet de comparaison technique des différentes technologies dans le secteur photovoltaïque et s’apprête à lancer un nouvel appel à projet dans les semaines qui viennent.


Trois questions à Mohamed Smani, directeur général de l’Association R&D

«La R&D doit être adaptée aux besoins spécifiques des projets»

Le Matin Eco : Est-ce que vous pensez qu’actuellement il y a un réel accompagnement R&D du processus de transition énergétique au Maroc ?
Mohamed Smani : Il n’y a pas actuellement un accompagnement en R&D structuré sur les projets. Par contre, il y a un certain nombre d’actions liées aux énergies renouvelables en matière de recherche qui sont, d’ailleurs, très importantes à savoir le financement de projets de recherche suite à des appels d’offres lancés par l’Iresen, le Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST) et l’Académie Hassan II pour les sciences et techniques. Donc, nous avons trois sources de financements pour les projets de recherche dans les énergies renouvelables. Ce sont des projets très stratégiques pour le Maroc en ce sens qu’ils enrichissent les technologies existantes. Pour ce qui est des grands projets lancés par Masen, par l’ONEE et par d’autres développeurs privés comme Nareva, ils nécessitent un autre type d’accompagnement. Le principe consiste en effet à ce que la R&D élabore des projets sur la base des technologies déployées dans des plateformes comme le solaire ou encore l’éolien. Concrètement, il s’agit d’utiliser la technologie la plus mature au niveau international et la développer à travers des projets R&D. C’est ce principe qu’on devrait appliquer au Maroc, pour que la recherche soit réellement une recherche intégrée dans le cadre des besoins de l’économie nationale et non pas orientée vers autre chose.

Et l’université dans tout cela ?
L’université n’est pas absente du processus. La preuve, le projet développé pas Ciment du Maroc dans les énergies renouvelables connaît la contribution de l’université. En effet, il y a eu un développement technologique qui a été fait ailleurs puis transféré au Maroc. Actuellement, c’est l’Université Ibn Zohr d’Agadir qui accompagne ce projet et qui réalise l’ensemble des tests et évaluations. Donc l’Université marocaine est présente dans le système R&D des énergies renouvelables au Maroc.

Développer la R&D dans les énergies renouvelables ne permettra-t-il pas au Maroc de disposer de sa propre technologie dans le secteur ?
Il faut savoir que le Maroc est un pays qui ne fabrique pas les technologies. Il les importe. Et notre R&D doit s’adapter à cette situation. Si nous attendons de voir se développer au Maroc une technologie propre à travers des projets de recherche, peut-être que nous n’y arriverons pas, parce que nous n’avons pas les moyens financiers et techniques requis pour le faire. Par contre, ce que nous pouvons faire c’est prendre ce qui pourra être adapté à nos besoins ou encore ce que personne ne peut faire pour nous dans certains secteurs. 

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