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«Il faut convaincre la banque de l’intérêt de son invention»

Les inventeurs individuels ont du mal à percer, faute de financement notamment. Lotfi Bennani, qui exploite lui-même ses inventions, propose des pistes pour donner à ces inventeurs toutes leurs chances.

«Il faut convaincre la banque de l’intérêt  de son invention»
Selon Lotfi Bennani, le manque de financement pour les inventions est une responsabilité partagée entre les inventeurs et les banques. PH. DR

Le Matin Eco : Qu’est-ce qui freine la réussite des inventeurs individuels ?
Lotfi Bennani : Si les inventeurs individuels ont beaucoup de mal à percer, c’est en raison d’une multitude d’obstacles. Il s’agit notamment du manque de communication entre les inventeurs individuels et le monde des affaires, conjugué à une faible persévérance et un faible goût du risque chez les inventeurs individuels. On note également l’absence de politique et de stratégie gouvernementale sur l’invention, d’un fonds national pour subventionner les prototypes commerciaux et d’encouragement des meilleurs inventeurs. Les inventeurs individuels font également face à une absence de valorisation et la promotion des brevets d’inventions marocains, à un manque de confiance entre l’invention et la banque. Sans parler du manque de formation managériale chez les inventeurs individuels.

Quel regard portez-vous sur la problématique du financement. Quelle est la part de responsabilité des inventeurs et des banques ?
La problématique du financement au Maroc est une donne complexe car il n’y a pas de visibilité, ni de confiance entre le porteur de projet et le banquier. Certains jeunes promoteurs craignent que leur projet d’investissement soit détourné au profit d’un autre investisseur. De plus, la problématique du financement se caractérise par une longue procédure qui prend beaucoup de temps.
Globalement, je considère que la responsabilité est partagée entre les inventeurs - de l’ordre de 60% - et les banques pour le reste.
Du côté des inventeurs, il faut dire qu’il n’ y a pas assez de communication avec leurs banques pour les convaincre de l’intérêt de leurs inventions. S’agissant des banques, ce qu’on peut leur reprocher c’est qu’elles n’accordent pas une valeur commerciale au brevet d’invention et ne le reconnaissent pas. Et pour cause. La banque n’a jamais travaillé sur le brevet d’invention pour le valoriser en DH.

Quelle serait la mesure à adopter pour favoriser l’émergence d’une population d’inventeurs individuels qui réussit ?
L’Etat doit prendre plusieurs mesures pour encourager les inventeurs individuels. Parmi celles-ci, je peux citer l’insertion dans la charte de l’investissement de la valorisation des inventions marocaines et la mise en œuvre d’un organisme étatique issu de l’OMPIC (Office Marocaine de Propriété Industrielle, ndlr).
Devant être composée d’experts, cette entité aurait pour mission d’étudier des brevets d’invention en vue de les valoriser et de les viser pour permettre à leurs porteurs d’avoir facilement accès au crédit jeune promoteur. Je prône également la création d’un fonds national pour subventionner la réalisation des prototypes commerciaux au profit des inventeurs et la mise en place d’une convention-cadre entre l’OMPIC et l’OFPPT. Objectif : programmer un module spécial sur le management, la gestion deprojet et le montage d’un business-plan. Ce service devra être gratuit pour tous les inventeurs individuels.
Il faut aussi trouver des canaux de communication entre les inventeurs individuels et le monde des affaires, organiser des Salons d’invention et d’innovation et encourager les inventeurs marocains à participer aux conférences et expositions internationales sur l’invention.
L’encouragement des inventeurs individuels passe également, à mon avis, par la réalisation d’un concept d’incubateurs d’entreprises innovantes permettant aux inventeurs de valoriser leurs projets en mettant à leur disposition les moyens et l’assistance requis et de préparer l’information desdits projets dans les pépinières d’entreprises. De plus, il faut primer annuellement les inventeurs les plus méritants.

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