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Un projet de société de financement dans le pipe

Le porteur du projet de la société de financement dédiée à la microfinance, Kassb commencera à démarcher les investisseurs institutionnels dès la rentrée prochaine. Son objectif est de réunir un tour de table hors pair.

Un projet de société de financement dans le pipe
Le nombre de clients actifs des associations de microcrédit s’élève à 809.084 à fin mars 2013. b PH. dr

Le secteur du microcrédit s’apprêterait à accueillir un nouvel opérateur. Ce n’est pas une nouvelle association, mais une société de financement spécialisée dans la microfinance islamique. Son nom est déjà choisi, même si le projet n’a pour l’heure d’existence que sur le papier. C’est Kassb (littéralement gain). Son principal porteur n’est autre que Mohammed El Haitamy. Un ancien d’Al Amana microfinance, la première association de microcrédit au Maroc, où il a grimpé en quelques années de simple cadre financier à directeur de plusieurs pôles avant de siéger dans son directoire. Actuellement, il est directeur associé d’un cabinet de conseil en microfinance et accompagnement des TPE.

Armé d’un business plan bien ficelé auquel Le Matin Eco a eu accès, il enchaîne les réunions depuis plus d’un an au Maroc et à l’étranger. Il a déjà rencontré, de façon formelle ou informelle, l’Agence française de développement/Proparco, la Société financière internationale, la Banque islamique de développement, la Banque africaine de développement, la Banque européenne d’investissement… Il précise : «mon objectif était de sonder leur appétit et leur prédisposition à s’associer au projet». Dès la rentrée prochaine, El Haitamy compte passer à l’étape suivante  : recruter les investisseurs qui vont composer le tour de table de la société. Le promoteur affirme avoir reçu un feed-back positif et encourageant au terme de sa tournée. Au point qu’il a une idée claire des futurs associés. Il souhaite faire adhérer au projet au moins une institution publique, une institution financière internationale, une institution financière marocaine et une agence de développement. Ce sont bien sûr des investisseurs qui répondent aux exigences de la réglementation financière marocaine, dont la politique d’investissement et le fonctionnement cadrent avec celles de Kassb.   
Pour démarrer, El Haitamy vise des fonds propres de l’ordre de 60 millions de dirhams. Ce n’est qu’à partir de la deuxième année qu’il prévoit de faire appel à d’autres sources, notamment la Moudaraba sans écarter les autres alternatives de financement. «Pour le refinancement de Kassb, il n’y a pas de restrictions, bien sûr à la lumière de ce qui est permis par les lois en vigueur», fait-il savoir.

Cinq ans après son démarrage, la société table sur plus de 300.000 clients actifs, soit l’équivalent de 10% de part de marché potentiel de la microfinance. Le nombre des agences sera d’environ 250, pour un effectif devant avoisiner les 2.000 salariés. Autre indicateur évoquant l’ambition affichée par l’ancien membre dirigeant d’Al Amana, le coefficient d’exploitation. Il serait de l’ordre de 50%, contre plus de 400% lors du démarrage. Côté produits, Kassb joue la carte de la complémentarité avec l’offre existante des associations de microcrédit. Son business plan table en effet sur la Mourabaha et l’Ijara.

La première année, Mourabaha sera à l’origine de 90% du chiffre d’affaires de la société. «C’est un contrat de vente au prix de revient majoré d’une marge bénéficiaire connue et convenue entre l’acheteur et le vendeur». El Haitamy prévoit de lancer de nouveaux produits encore méconnus du marché marocain à l’instar de Salam, Salam parallèle et Istisnaa. «Notre compétitivité se basera essentiellement sur notre ingénierie produit», explique-t-il. Et c’est là où résiderait la principale clé de succès de Kassb. Le hic ? «Impossible de respecter dès le départ toutes les règles prescrites par la finance islamique concernant les modes opératoires, les procédures, le refinancement, les produits…», nuance El Haitamy, qui est également certifié en finance islamique. «Nous tablons sur une conformité progressive avec la Charia», ajoute-t-il. Pour lui, c’est normal : «même les Charia boards de par le monde donnent des dérogations pour faciliter l’installation de structures de la finance islamique dans des contextes et environnement pas encore prêts». L’essentiel, pour El Haitamy, est que la vision soit déjà tracée : s’acheminer vers un modèle participatif où le partage de risques est le maître mot. Il faut attendre, d’ailleurs, la mise en place de ce modèle, à court, voire à moyen terme, pour que la société possède un autre facteur clé de succès, les tarifs. «A cause des frais de structure, nous aurons du mal à proposer des produits à des tarifs très concurrentiels lors du démarrage», prévient le porteur du projet. 

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