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Le Royaume contraint d’importer encore plus de céréales

Les importations des céréales s’accroissent au moment où l’actuelle campagne agricole émet des signaux inquiétants avec la persistance de la sécheresse et que la filière céréalière n’arrive pas à se frayer un chemin dans le nouveau paysage agricole marocain en constitution.

Le Royaume contraint d’importer encore plus de céréales
Le Maroc va devoir davantage faire appel à l’importation avec la sécheresse qui se profile.

Le recours du Royaume aux marchés étrangers pour s’approvisionner en ces denrées, qui est une donne structurelle (le Maroc n’étant pas en mesure d’assurer son autosuffisance en la matière), est dicté par le manque de qualité de la précédente moisson, du fait des pluies tardives. D’ailleurs, les consommateurs commencent déjà à s’en apercevoir et à s’en plaindre. Ainsi, depuis le début de la campagne de commercialisation en juin dernier jusqu’à fin janvier, le Maroc a importé plus de 30 millions de quintaux (Mq), dont la grande partie est constituée du blé tendre (45%), suivi du maïs (39%), du blé dur (10%) et de l’orge (6%). Certes, ces importations sont en baisse (-9%) par rapport à la même période de la campagne précédente. Toutefois, tout indique que le recours à l’import sera accentué cette année avec les besoins en hausse et l’acheminement du pays vers une saison sèche.
Les approvisionnements du Maroc en céréales sont effectués essentiellement à partir de trois pays, selon la situation sur le marché des céréales arrêtée à fin janvier par l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL). Il s’agit de la France, qui a assuré 44% de ces achats, notamment pour ce qui concerne le blé tendre, du Brésil (19%) et de l’Argentine (14%), qui nous ont fourni l’essentiel du maïs importé.

Sur le marché local, la collecte de blé tendre s’élève à la même date, selon l’ONICL, à 21,6 Mq. Plus de 42% de ces volumes ont été utilisés pour la fabrication des farines subventionnées, par voie d’appels d’offres organisés par l’ONICL. Cette activité commerciale a débouché sur un niveau de stock de blé tendre, principale céréale consommée au Maroc, de l’ordre de plus 15 Mq, couvrant près de 4 mois des besoins de la minoterie industrielle.
Concernant la transformation industrielle, l’Office relève qu’à fin janvier dernier, la minoterie industrielle a écrasé près de la moitié de blé tendre d’origine de la production locale et que la fabrication des farines subventionnées (FNBT) est faite à hauteur de 90% du blé tendre de la production nationale. De ce fait, les farines libres et subventionnées représentent respectivement 55% et 14% des fabrications de la minoterie industrielle. Pour les semoules industrielles, elles sont fabriquées principalement à partir du blé dur (92%), la part restante va à l’orge. En ce qui concerne les disponibilités des céréales, les stocks détenus par les opérateurs déclarés à l’ONICL et au niveau des silos portuaires ont atteint, à fin janvier, 19 Mq, en repli de 11% par rapport au mois précédent.
Par ailleurs, les prévisions par rapport à la production locale restent difficiles à établir pour le moment, puisque les pluies tardent à reprendre.

Tout ce qu’on peut avancer à propos de l’actuelle campagne agricole, ce sont les chiffres relatifs aux labours qui ont dépassé 4 millions d’hectares en décembre et au taux de remplissage des barrages à usage agricole qui est en baisse par rapport à l’année dernière.
En outre, indépendamment du niveau de production locale, le Maroc aura toujours besoin de l’importation.

À ce sujet, il est à noter que les importations de céréales évoluent en fonction du niveau de la production nationale tout en s’inscrivant sur une tendance haussière depuis leur libéralisation en 1996.
L’importance du blé tendre dans les importations des céréales a été réduite de moitié, passant de 88% au début des années 80 à 43% durant les cinq dernières années, en liaison avec la politique d’intensification de cette culture. Concernant les autres céréales d’automne, le Maroc est passé d’une situation de quasi-autosuffisance à la fin des années 80 à l’importation de près de 6,4 et de 4 millions de quintaux respectivement de blé dur et d’orge. 

 

 Agrégation : 120 projets mis en œuvre

Le plan «Maroc vert» prévoit la mise en œuvre de 120 projets d’agrégation dans la filière
céréalière. Toutefois, à ce jour, deux projets seulement ont vu le jour : le premier «Tanmia Al Filahia» dans la région de Chaouia et le deuxième à Doukkala. D’après les céréaliculteurs, si l’agrégation n’a pas marché dans leur filière, c’est essentiellement en raison du problème de financement, en l’occurrence le manque d’accompagnement de la part des banques. Ils pointent également du doigt la lenteur de la procédure d’octroi de l’agrément à l’agriculteur, les risques que les agrégés ne livrent pas leur récolte à l’agrégateur et par conséquent ne remboursent pas les prêts dont ils ont bénéficié. Ils évoquent aussi l’absence de garantie pour l’écoulement de la récolte, l’insuffisance de la prime forfaitaire accordée à l’agrégateur et le problème des charges de l’encadrement.

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