Menu
Search
Dimanche 05 Mai 2024
S'abonner
close
Dimanche 05 Mai 2024
Menu
Search
Accueil next L’automobile mondiale pas au Top

Les céréaliculteurs attendent encore plus du Plan Maroc vert

Les céréaliculteurs nationaux ne sont pas encore entièrement satisfaits de ce qui a été réalisé, à ce jour, en matière de restructuration dans leur filière, dans le cadre du Plan Maroc vert.
Pour eux, la réforme de l’activité céréalière doit être repensée dans la mesure où elle a pris un «mauvais départ».

Les céréaliculteurs attendent encore plus du Plan Maroc vert
En termes d’agrégations, les réalisations dans la filière céréalière sont encore en deçà des objectifs fixés.

La filière céréalière serait-elle l’oubliée du Plan Maroc vert ? Si le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime avance des chiffres laissant entendre que le développement de la céréaliculture dans le cadre du Plan Maroc vert va bon train, les professionnels sont d’un tout autre avis. En effet, pour le département de tutelle, la filière céréalière a connu l’année dernière le lancement de 9 projets pour un investissement total à terme de 400 millions de DH au profit de 4 800 agrégés dans le cadre du Pilier 1 et le lancement de 5 projets pour un investissement total à terme de 29 millions de DH au profit de 1 050 bénéficiaires dans le cadre du Pilier 2.

Par contre, les professionnels tiennent un autre discours, preuves à l’appui. Sur 150 projets d’agrégation prévus dans le cadre du Plan Maroc vert dans la filière céréalière, deux projets seulement ont vu le jour : le premier, «Tanmia Al Filahia», dans la région de Chaouia, et le deuxième, à Doukkala. Mais ils devront faire leurs preuves.

Pour Ahmed Ouayach, président de la Fédération interprofessionnelle des activités céréalières (FIAC), la raison est simple : si l’agrégation ne marche pas dans la filière céréalière, c’est parce qu’au département de tutelle, on ne fait pas grand-chose pour faire réussir cette réforme. Le porte-parole des céréaliculteurs, qui est en même temps président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), va même plus loin en évoquant les éventuelles préférences des pilotes de la nouvelle stratégie agricole nationale pour les cultures de l’export au détriment de cette denrée de base qui constitue, qui plus est, l’activité de 80% des agriculteurs et occupe 75% de la superficie agricole.

Le financement, obstacle majeur

Mais pourquoi cette restructuration de la céréaliculture piétine-t-elle ? Ahmed Ouayach, qui semble lassé du retard pris dans la réforme de la filière céréalière, est nettement moins enthousiaste qu’auparavant et croit qu’on a dû peut-être revoir à la baisse les objectifs de cette réforme, vu sa complexité. Il tient, en tout cas, à souligner que cette réforme telle qu’elle est entreprise n’a que peu de chances d’aboutir.
«On aurait dû dès le début lancer une étude pour dresser un diagnostic de la filière pour pouvoir ensuite prendre des mesures appropriées», lance-t-il, en déplorant, par ailleurs, la non-adoption jusqu’à aujourd’hui des textes de loi sur l’agrégation et l’interprofession.
Dans cette situation, une fois qu’on passe à l’action pour des projets d’agrégation, ce sera donc normal de rencontrer des problèmes, notamment d’ordre financier, d’après les céréaliculteurs.

En effet, pour eux, le premier obstacle sur lequel tombent les projets d’agrégation dans la filière céréalière est le financement, en l’occurrence le manque d’accompagnement de la part des banques.
Ils pointent également du doigt la lenteur de la procédure d’octroi de l’agrément à l’agriculteur, les risques que les agrégés ne livrent pas leur récolte à l’agrégateur et par conséquent ne pas être en mesure de rembourser les prêts dont ils ont bénéficié. Ils évoquent aussi l’absence de garanties pour l’écoulement de la récolte, l’insuffisance de la prime forfaitaire accordée à l’agrégateur et le problème des charges de l’encadrement.

Pour dépasser cette situation et développer l’agrégation, ils proposent d’activer le stock de sécurité et d’octroyer aux agrégateurs collecteurs la possibilité de détenir la production collectée dans le cadre des projets d’agrégation comme stock de sécurité, moyennant une rémunération incitative et l’engagement de renouveler le stock chaque année.
De même, ils revendiquent le financement de l’activité de l’encadrement par un prélèvement sur les quantités collectées, proposant que ce prélèvement soit éventuellement effectué par l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL).

La solution passe également, d’après les professionnels, par l’exclusion des agrégés qui ne respectent pas leurs engagements de tout projet d’agrégation et de toute aide ou subvention de l’État. Et ce n’est pas tout : ils demandent aussi l’organisation de la filière de commercialisation des céréales et la révision des prérogatives de l’ONICL, «de sorte que chaque acteur se limite à son métier pour mettre en valeur chaque profession et éviter les interférences entre elles».

Lisez nos e-Papers