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Lundi 06 Mai 2024
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Le fixe est-il cher au Maroc ? l’ANRT «pas concernée»

La palme de la téléphonie fixe la plus taxée du monde arabe revient au Maroc. Idem pour la minute la plus chère. Les conclusions sont d’un cabinet d’études indépendant, Arab Advisors Group.

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Les prix de la téléphonie fixe au Maroc sont-ils chers ? Deux réponses sont fournies. La première, il faut la chercher dans les rapports trimestriels de l’Observatoire de l’ANRT, régulateur du marché des télécoms. Ce dernier parle de «tendance baissière» des prix, mesurée par le revenu moyen par minute chez les opérateurs nationaux (0,66 DHHT/min à fin mars 2013 contre 0,51DHHT/min pour le mobile). La seconde a été récemment fournie par un rapport du cabinet Arab Advisors Group, connu par ses études à polémique. Le verdict du cabinet est sans équivoque : le Maroc demeure le pays qui taxe le plus la téléphonie fixe parmi les 19 sondés. Sur ces pays, seuls 10 imposent la minute au consommateur final et le Maroc est le pays qui le fait le plus.

En plus de la sur-taxation, l’étude relève que le prix de la minute dans la téléphonie fixe pratiqué chez nous est le plus élevé au niveau de la région. Le Maroc et la Mauritanie trônent en tête de classement, lorsqu’il s’agit d’offres post-payé de téléphonie fixe, sachant que le rapport a analysé les prix de 29 opérateurs de la région.

Nous avons tenté de faire réagir l’ANRTconcernant les conclusions de l’Arab Advisors Group. Nous lui avons aussi demandé si les conclusions de ce cabinet expliqueraient les baisses continues des abonnements à la téléphonie fixe. Pour toute réponse, le régulateur nous a signifié qu’il «n’est pas concerné» par les conclusions du cabinet arabe et que «c’est au ministère de l’Economie et des finances de réagir sur une éventuelle pression fiscale sur la téléphonie fixe et d’expliquer les niveaux de taxation». La source autorisée auprès du régulateur n’a pas non plus répondu à la question relative à la cherté, ou pas, des prix de la téléphonie fixe au Maroc.

Rappelons qu’en 2010, c’était ce même cabinet qui avait publié une étude indiquant que le Royaume figure parmi les pays arabes où le prix des communications de téléphonie mobile était le plus élevé, chiffres à l’appui. A l’époque, ces conclusions avaient poussé le régulateur à réagir, quelques mois plus tard. Le directeur général de l’Agence était monté au créneau mettant en doute les méthodes de calcul du cabinet en question. Azddine Mountassir Billah avait multiplié les sorties médiatiques pour expliquer à qui voulait l’entendre que les prix du mobile n’étaient pas si chers au Maroc.

Le fixe, un frein pour le développement de l’ADSL

Notons que le cabinet Arab Advisors Group se présente comme un groupe de conseillers et d’analystes spécialisés dans les télécommunications et les médias. Sa dernière livraison étudie la situation de la téléphonie fixe dans le monde arabe à l’aide de comparaisons analytiques et examen de performances en termes de nombre absolu d’abonnés, de taux de pénétration, ARPU (revenu par client), de parts de marché et de rapports financiers.

Le débat sur la téléphonie fixe rappelle un autre sur l’ADSL, dont le développement est lié à une infrastructure de téléphonie fixe filaire dense. L’Internet ADSL peine toujours à décoller au Maroc. Seul l’opérateur historique le commercialise aujourd’hui. Méditel continue de bouder le segment, jugeant que les prix de location de l’infrastructure nécessaire, dont seule dispose Maroc Telecom, sont chères. Inwi, après plusieurs années d’hésitations, va tenter le coup d’ici la fin de l’année 2013. Mais dans un entretien accordé au Matin Eco (www.lematin.ma), le DG d’Inwi, Frédéric Debord, nous avait déclaré que, dans tous les pays où l’ADSL a explosé, «c’est à un moment où l’autorité de régulation a tapé du poing sur la table pour faire avancer les choses et casser le monopole de l’opérateur historique». Or, selon lui, aujourd’hui, ce n’est pas encore le cas au Maroc. Là aussi, nous avons tenté de faire réagir le régulateur du marché. Mais celui-ci est resté évasif, estimant «avoir fait le nécessaire sur ce volet». «Il y a une offre de gros mise à disposition des opérateurs alternatifs. Celle-ci est régulièrement actualisée en fonction de l’évolution du marché. En cas d’existence de difficulté, il appartient à tout opérateur de saisir l’ANRT», nous a-t-on répondu.

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