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Accueil next Sous le signe du raffermissement des relations bilatérales

Plongeon dans le vide

La Fédération royale marocaine de natation (FRMN) est dans de mauvais draps. Le ministère de la Jeunesse et des sports vient de lui envoyer une mise en demeure lui demandant de fournir des documents financiers et comptables pour justifier où a été dépensé le budget qui lui a été alloué. À l’heure où nous mettions sous presse, cette fédération n’a pas pu justifier quoi que se soit. Et dans un délai de trois semaines, le ministère pourrait instaurer un comité provisoire pour gérer les affaires de cette fédération en attendant l’assemblée générale élective.

Plongeon dans le vide

Le ministre de la Jeunesse et des sports vient d’adresser une mise en demeure de 21 jours à la fédération royale marocaine de natation. Par cette mise en demeure, le ministère exige que cette fédération lui fournisse des documents financiers et comptables justifiant les dépenses qu’elle a faites. À l’heure où nous mettions sous presse, le ministère n’a reçu aucune réponse de la FRMN. Cette fédération, apprend-on au ministère avait bénéficié d’une subvention de l’ordre de 7,5 millions de DH lors de l’exercice 2010-2011 rien que pour son fonctionnement. Elle a également bénéficié d’un autre montant de 7,5 millions de DH pour restaurer le centre de Bourgogne. Au ministère, c’est la stupéfaction quant à l’incapacité de cette fédération de fournir des justificatifs pour ses dépenses. Pire encore, la FRMN traîne derrière elle une dette de l’ordre de 2,5 millions de DH qu’elle n’arrive pas à payer. Selon une source au ministère de la Jeunesse et des sports, cette dette remonte à 2010, dates de l’organisation du championnat d’Afrique de natation à Casablanca. À cette époque, la FRMN avait confié l’organisation de ce championnat à une entreprise dénommée «Atelier K» moyennant 4,6 millions de DH. «Quand j’ai su que la fédération a confié l’organisation de ce championnat à cette entreprise pour un montant de 4,6 millions de DH, j’ai sauté au ciel et j’ai tout de suite présenté ma démission. Quand j’étais président, j’ai organisé cinq championnats d’Afrique et ça nous a coûté au maximum 500 000 DH», nous a indiqué Farid El Allam, ancien président de la FRMN. Rachid Abouzaid reconnaît effectivement qu’il y a une partie des frais qui n’a pas été réglée, mais assure que cette situation est indépendante de la volonté de la FRMN parce qu’elle n’a pas reçu la subvention du ministère. Deux ans après, cette entreprise a saisi le ministère de la Jeunesse et des sports pour réclamer ses arriérés. Elle réclame encore 2,5 millions de DH», nous a indiqué Said Boukhari, directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des sports.

Échec de Rachid Abouzaid à la CANA
Dans sa mise en demeure, le ministère invite également la FRMN à expliquer la situation de gestion de la fédération marquée par des décisions conflictuelles dont particulièrement la position prise lors de l’assemblée générale de la Confédération africaine de natation qui a porté préjudice à la représentativité internationale du Maroc. Pour rappel, la FRMN représentée lors de cette assemblée par Rachid Abouzaid et Mohamed Attouani avait refusé de renouveler la candidature de Farid El Alam qui occupait le poste de vice-président de la CANA.
Rachid Abouzaid inconnu sur la scène continentale et internationale a évincé El Allam (lire les deux entretiens) et a présenté sa candidature, mais il a échoué de briguer un mandat faisant perdre au Maroc son poste au sein de la CANA. Le Maroc perdra aussi son poste au sein de la fédération internationale de natation (FINA) en 2013. Ce n’est pas tout. La FRMN demande également des explications quant aux dispositions relatives à la gestion des licences prises, comme le précise la mise en demeure du ministère de manière unilatérale et en contradiction avec la loi 30-09. Le ministère de tutelle a également exigé qu’on lui fournisse les raisons qui ont poussé la FRMN a gelé ses activités. La Fédération de natation a encore une semaine pour apporter des documents financiers justifiant les dépenses, ainsi qu’une réponse convaincante au ministère pour les raisons de l’éviction de Farid El Allam qui a mis 20 ans pour pouvoir acquérir une place au sein de la CANA et dans les instances internationales pour se voir éliminer par sa propre fédération et par conséquent faire perdre au Maroc l’accès aux instances internationales. Si la FRMN ne parvient pas à justifier ses dépenses, le ministère pourrait se résoudre à recourir à l’article 31 de la loi 30-09 pour dissoudre ce bureau et instaurer une commission provisoire.


Entretien avec le dr. Rachid Abouzaid, président par intérim de la FRMN

«Nous répondrons avec clarté aux requêtes du ministère»

Rachid Abouzaid, vice-président de la FRMN, a assuré l’intérim, en l’absence du président Taoufik Ibrahimi. Il a bien voulu nous parler de la situation de la natation qui a connu quelques soubresauts, tant sur le plan national qu’international. 

Matin Sports : Pourquoi avez-vous des difficultés à fournir des justificatifs de certaines dépenses demandées par le ministère ?
Rachid Abouzaid : Nous avons tenu nos deux dernières assemblées celles de 2009-2010 et 2010-2011 et nous avons fourni dans nos rapportes financiers toutes les explications relatives à ces dépenses, et ce en présence des représentants du ministère. Les rapports financiers ont été approuvés. Mais le ministère nous a envoyé une autre demande pour justifier ces dépenses qu’ils ont jugées élevées et nous sommes sur le point de le faire. La recherche des justificatifs est un travail qui prend du temps, car il faut remonter aux années précédentes, mais nous répondrons avec clarté aux requêtes du ministère.

Un des prestataires de l’organisation du championnat d’Afrique n’a toujours pas été entièrement réglé. Qu’en est –il exactement ?
Il m’est difficile de répondre avec exactitude, car durant cette période, je n’étais ni président, ni trésorier et donc je n’ai pas les éléments du dossier. Je sais qu’il y avait un prestataire, Atelier K, qui a assuré l’organisation du championnat d’Afrique qui s’était déroulé à Casablanca, et qu’une partie des frais n’a pas encore été réglée. Il faut dire que cette situation est indépendante de notre volonté, car nous n’avons pas reçu la subvention de la saison écoulée, alors comment voulez-vous que l’on règle les prestataires de services et tous ceux qui travaillent avec la fédération, à savoir le personnel, les officiels, les entraîneurs, les primes des nageurs, les déplacements et bien d’autres engagements ? D’ailleurs c’est pour cela que nous avons gelé le programme national et international.

Le Maroc a perdu son siège au sein de la CANA. Que s’est-il passé ?
Avant le congrès de la CANA, Farid El Allam a démissionné de son poste à la fédération et a voulu tout de même se présenter aux élections du bureau exécutif de cette instance. Dès lors nous avons jugé que c’était illogique et que cette personne ne pouvait représenter notre pays alors qu’il a refusé de collaborer au sein de notre bureau fédéral. Je sais que c’est regrettable d’autant plus qu’avant cette assemblée de l’instance continentale, Farid El Allam a envoyé un e-mail où il a traité les membres du bureau fédéral d’incompétents. Nous n’avons pas compris sa démarche.

Le Championnat du monde junior que devait abriter le Maroc a été annulé. Pourquoi ?
Je pense que la présence de Farid El Allam à la FINA, la fédération internationale devait être un atout pour le Maroc, mais ce dernier n’a pas réagi positivement pour défendre notre dossier, celui du Maroc. Contrairement à d’autres représentants de pays qui font tout pour défendre les dossiers de leur pays. Il est vrai qu’il y a eu un retard au niveau de la communication entre le ministère, la fédération et la FINA, mais ce n’est pas tout. Quand un dirigeant n’apporte rien à sa fédération, comment voulez-vous qu’il la soutienne depuis la CANA ou la FINA ?

Les transferts des nageurs d’un club à un autre ont soulevé un mécontentement. Qu’en est-il exactement ?
Auparavant, lorsqu’un nageur ou une nageuse voulait changer de club, il ne lui fallait que l’autorisation du président de son club. En cas de refus de ce dernier, il passe une année blanche. Nous avons longuement réfléchi pour ne léser ni les athlètes, ni les clubs. La formation d’un nageur et d’une nageuse coûte cher au club et ce n’est pas normal qu’un autre club en profite dans le cadre d’un transfert. Nous avons établi un barème de transfert en fonction du niveau des nageurs. Nous allons d’ailleurs organiser une journée d’étude dans ce sens et avoir l’avis de tous, techniciens et responsables de clubs pour clarifier la chose.

Propos recueillis par Abdeslam Bilali

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