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Le zajal, une expression poétique pleine de sagesse et de sentiments

La poésie est à l'amour ce que l'encre est à la plume. En quelques vers, la poésie raconte ces sentiments enfouis que l'on a parfois tant de mal à dire à voix haute. A quelques jours de la Saint Valentin, les poètes timides se préparent à déclarer leur flamme à l'être aimé et nous, on vous parle du zajal, une forme de poésie ancestrale porteuse de sagesse à travers des récits exemplaires où l'amour est souvent présent. Découvrez notre dossier sur le zajal et prenez votre plume (ou votre clavier) pour laisser aux mots le soin d'emporter vos pensées.

Le zajal, une expression poétique pleine  de sagesse et de sentiments

Forme de poésie en arabe dialectal, le zajal est une expression artistique ancestrale qui fait partie du répertoire poétique marocain caractérisé par sa diversité linguistique, artistique et esthétique.
Le Maroc possède une tradition littéraire orale des plus vivantes et des plus riches. Forgée au contact de de nombreuses civilisations et transmise de génération en génération, cette tradition s’est enrichie et s’est développée pour s’imposer comme une des composantes essentielles de la culture populaire marocaine.
Le poète du zajal était et continue d’être le chroniqueur et le narrateur de ces traditions, il raconte les événements vécus en faisant usage de la langue maternelle à travers laquelle il peut s’exprimer avec beaucoup d’aisance.
La richesse et la diversité linguistique du Maroc ont permis donc au zajal d’être l’une des expressions poétiques confirmées sur la scène littéraire marocaine. Il existe plusieurs types de zajal, allant du bédouin au moderne et de l’oral à l’écrit.
Ce genre poétique a vu le jour dans les milieux culturels à Al Andalus avec des poètes célèbres comme Mohyi Eddine Ibn Arabi et Abou Bakr Ibn Kuzman.
Selon le poète Mourad Kadiri, ces poètes ont créé le zajal dans le souci de refléter une nouvelle réalité marquée par la diversité culturelle de cette terre. Il y a aussi la poésie, connue par le nom de malhoun, de Sidi Abderrahman El Majdoub, qui a vécu au XVIe siècle. Cet héritage artistique perdure grâce aux maîtres du zajal qui continuent d’enrichir le répertoire artistique marocain.


Maîtres du Zajal

Abderrahman El Mejdoub
Poète soufi populaire du XVIe siècle, il est né à Tit, en bordure de l’Atlantique, entre El-Jadida et Azemmour. Il s’est montré fin observateur de la société de son époque et il est mort en 1565 à Meknès. Son œuvre orale, qui a nourri les langues populaires maghrébines d’un certain nombre de proverbes, de tournures, de mots et de formes, continue, malgré toute cette distance temporelle, à être présente dans la vie quotidienne des peuples marocain et maghrébin. Un ouvrage intitulé «Klame El Ghiwane» reprend ses meilleurs poèmes populaires qui ont fait le tour du monde et qui ont été traduits dans plusieurs langues.

Ahmed Tayeb Laâlej
Un autodidacte chevronné et ambitieux, il a réussi à se prendre en charge lui-même en cherchant inlassablement à donner forme à ses talents. Après avoir bien peaufiné ses connaissances littéraires, il s’attaque aux chefs-d’œuvre du grand Molière, en l’occurrence «Tartuffe», «Les Fourberies de Scapin» et «Le Bourgeois gentilhomme». Laâlej a enrichi le patrimoine marocain du zajal. Il est, en effet, l’un des rares poètes à avoir su, de façon ingénieuse, donner un charme inégalé au dialecte marocain qu’il a présenté d’une façon plus captivante, tout en respectant la morale, les sensibilités. Ahmed Tayeb El Laâlej a rejoint en 1986 les rangs de l’Union des écrivains du Maroc, il avait reçu en 1973 le Prix du Maroc de littérature et, en 1975, la médaille du mérite intellectuel syrien. En mars 2012, une fondation baptisée «Ahmed Tayeb Laâlej pour le théâtre, le zajal et les arts populaires» a vu le jour. Initiée par la famille et les amis du célèbre artiste, cette fondation a pour objectif notamment la préservation de l’œuvre plurielle du grand homme de théâtre et parolier qu’est Ahmed Tayeb Laâlej, ainsi que la publication de l’ensemble de ses écrits touchant plusieurs domaines, dont des études, des contes et des maximes. Il est décédé en décembre 2012.

Ahmed Lemsyeh
Ahmed Lemsyeh, né en 1950 à Sidi Smail dans la région de Doukkala-Abda, a occupé plusieurs fonctions dans des institutions culturelles marocaines et arabes. Il est considéré comme l’un des rénovateurs de la poésie moderne marocaine et utilise aussi bien l’arabe classique que le dialecte marocain dans ses créations. Il a commencé son itinéraire poétique en 1976 avec le recueil «Les vents qui viendront». Suivront par la suite une douzaine d’autres recueils, dont certains ont été traduits en espagnol comme «Hal wa ahwal» en 2003. Ahmed Lemsyeh a joué un rôle primordial dans l’acclimatation de la langue arabe populaire au sein du paysage poétique marocain.


Musicalité et bon sens

Plus qu’une forme de poésie dialectale, le zajal véhicule une culture populaire et une sagesse perpétuées à travers les générations. Qui n’a jamais entendu quelques vers de Abderrahman El Mejdoub, ce troubadour bien de chez nous, dont les poèmes sont pleins d’enseignements et de bon sens. Bien qu’ayant vécu au 16e siècle, il reste toujours l’un des grandes figures du zajal. Mais de nos jours, notre pays a vu s’illustrer des zajjal de haut vol. Le plus célébre n’est autre qu’Ahmed Tayeb Laâlej, qui vient de disparaître, laissant derrière lui une œuvre monumentale.
Selon Mourad Kadiri, poète, zajjal, membre de la Maison de la poésie au Maroc, le zajal a réussi à se faire une place dans le répertoire poétique marocain moderne. «Il ne peut plus être considéré comme un art populaire de second rang, du fait qu’il est exprimé en dialecte marocain qui est riche en musicalité et en sens.
Nous écrivons en arabe dialectal marocain non pas pour marquer notre singularité ou différence, mais pour exprimer nos sentiments et nos visions,» explique-t-il.
Pour lui, le zajal au Maroc a atteint son apogée vers la moitié des années 80. La multiplication des œuvres artistiques (pièces théâtrales, chansons…) en arabe dialectal a favorisé et accompagné cet essor, permettant de consacrer cette forme d’expression artistique comme une des principales composantes de la culture marocaine.

Le zajal chanté

L’art du zajal a toujours su épouser harmonieusement les rythmes musicaux et le malhoun a toujours su représenter cette poésie dialectale locale, une poésie instinctive qui récite les journées de travail et les évènements avec une langue plus proche de l’esprit et de l’âme. En effet, le malhoun illustre les caractéristiques psychosociologiques et civilisationnelles de la société marocaine.
Malhoun, dérivé du lahn, l’équivalent de mélodieux. De parfaites et magnifiques mélodies dites sur un ton à la fois musical et poétique bien soutenu. Emprunté à la culture arabo-andalouse, il vient des temps anciens, plus exactement à partir du 12e siècle où les guerriers arabes s’ouvraient sur l’Andalousie ancienne. Les rois avaient pour habitude d’organiser des spectacles du zajal prononcé par des chantres prodiges en présence de toute la cour afin de glaner quelques sous en contrepartie de leur art oratoire. La tradition persista jusqu’à l’âge d’or des Almohades dans la région du Tafilalet, qui ont apporté à cet art une touche marocaine. C’est ainsi que le malhoun voit le jour.

Festival national du zajal

Afin de mettre la lumière sur cet art ancestral et permettre sa sauvegarde, le ministère de la Culture a veillé à diversifier les événements et manifestations consacrés à cet art. L’un des rendez-vous les plus importants est le Festival national du zajal qui a rendu hommage, au cours de ses six précédentes éditions, aux maîtres de cette expression poétique qui ont marqué l’histoire culturelle du Maroc. Il s’agit notamment de Abderrahmane El Alami, Mehdi Ouadghiri, Ali Haddani, Ahmed Lamesiyeh, Fatima Chebchoub… Cette manifestation culturelle réunit d’éminents chercheurs et spécialistes du zajal pour débattre des enjeux de la sauvegarde et de la préservation de cet art auprès du jeune public.



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