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Apprendre que son petit ange joue au tyran à l’école et que son passe-temps favori est de terroriser ses camarades peut ne pas être facile à accepter. En effet, les parents sont souvent surpris lorsque les enseignants et les autres parents d’élèves se plaignent de la «méchanceté» de leur enfant. Ils sont loin d’imaginer que leur petit chou pourrait être capable de harceler ses camarades, se moquer d’eux, les menacer, les frapper… sauf que cela ne les gêne pas beaucoup. Ils préfèrent, en effet, que leur enfant soit le harceleur et non la victime. Ils ignorent, toutefois, que ces enfants qui ont tendance à être agressifs ont généralement une colère refoulée en eux et ils l’extériorisent à travers la soumission qu’ils imposent aux autres. Les facteurs de risque d’agressivité chez les jeunes enfants incluent, effectivement, des facteurs propres à l’enfant, à la famille et à l’environnement.
Chez l’enfant, des caractéristiques du tempérament évidentes dès le début de la vie, comme l’irritabilité, l’agitation, l’irrégularité du comportement, le manque de persistance et la faible adaptabilité accroissent le risque de problèmes de comportement tout comme certains traits génétiques et neurobiologiques. Sur le plan familial, des pratiques parentales comme une discipline punitive, un manque de cohérence et de chaleur, une implication limitée et l’agressivité physique contribuent au développement des comportements agressifs chez le jeune enfant. Les enfants qui sont exposés à de hauts niveaux de discorde à la maison et dont les parents ont des problèmes sont aussi des sujets à risque.
Il s’agit donc de réelles souffrances que l’enfant cache et ne parvient pas à exprimer autrement que par la domination des autres. Paradoxalement, au lieu d’être mis à l’écart par leurs camarades de classe, ils sont plutôt considérés comme des leaders incontestables dont les ordres doivent être exécutés à la lettre. Souvent, ils font en sorte d’être entourés par une bande qui cautionne aveuglément leurs faits et gestes ce qui les rend, évidemment, plus forts.
Concernant les victimes que l’enfant harceleur choisit, ce sont souvent les enfants qui affichent une certaine «distinction» physique qui sont les plus susceptibles d’être harcelés. Trop enrobées, trop petites, avec des lunettes... Toutes les personnes qui souffrent de complexes sont cibles d’attaques de la part du harceleur et de sa bande. Aussi, les enfants considérés comme de bons élèves, ceux que l’on nomme «les intellos», sont très souvent pointés du doigt et victimes de mauvais tours à répétition, voire de violences physiques.
Régler le problème de l’agressivité des enfants relève principalement de la responsabilité des parents. Ces derniers peuvent, par exemple, en discuter avec les instituteurs pour avoir une vue plus large et complète de l’attitude de l’enfant. Il est également essentiel de discuter avec l’enfant sans pour autant prendre son parti. L’enfant n’a pas besoin que ses parents se mettent dans son camp, mais qu’ils gardent leur place d’adultes. En ouvrant le dialogue, il faut essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête de l’enfant avant de lui expliquer pourquoi son comportement n’est pas acceptable. Il faut aussi voir si l’environnement familial n’est pas trop stressant, pesant, agressif, etc.
Explications : Loubna Lemseffer, psychologue
«Les parents doivent prendre le temps de parler à leur enfant»
❶Qu’est-ce qui pousse un enfant à être harceleur avec ses copains à l’école ?
Plusieurs causes peuvent entraîner un enfant à se moquer, agresser un autre enfant, l’humilier et parfois le terroriser. Il peut, par exemple, ne pas avoir confiance en lui et en rabaissant l’autre, en le dominant, il va se sentir plus fort. Ou encore, lorsqu’un enfant vit dans un environnement conflictuel, il va s’identifier à cette agressivité familiale. Cette souffrance, refoulée ou impossible à exprimer, va s’extérioriser à travers la domination exercée sur les autres enfants.
❷Comment pour lui faire prendre conscience de la gravité de ses actes ?
L’enfant doit prendre conscience de ses actes et exprimer sa souffrance. Pour cela, les parents doivent prendre le temps de parler à leur enfant. Ce dernier doit expliquer son ou ses gestes et dire ce qui le pousse réellement à se comporter de cette façon. Après cela, les parents seront amenés à agir en conséquence et essayer au mieux d’alléger les souffrances ou les frustrations de leur enfant.
❸Faut-il être sévère et le sanctionner ou dialoguer avec lui ou les deux ?
Comme on a dit précédemment, un dialogue est nécessaire entre les parents et leur enfant afin de dégager les causes de ces comportements et d’y remédier.
Un enfant a besoin d’être écouté et si ces agissements se perpétuent, cela signifie que les causes profondes n’ont pas été explorées. Un enfant n’est pas naturellement comme ceci ou comme cela, il est le reflet d’une imitation et d’un bagage culturel et familial dont il faut tenir compte.
❹Certains parents sont fiers de leurs enfants lorsqu’ils sont harceleurs. Pour eux, l’essentiel est de ne pas être harcelé. Est-ce réellement une bonne chose ?
Un enfant ne doit pas être harcelé, mais cela ne signifie pas que l’on doit systématiquement être soit harcelé, soit harceleur.
Le rôle des parents est d’apprendre à leur enfant comment avoir de bons rapports avec les autres sans être l’un ou l’autre. Les qualités à mettre en avant sont la collaboration, l’amitié, l’empathie et tout ce qui permet de vivre en harmonie sans être lésé et de savoir se défendre en cas de harcèlement ou d’agression.
